Véronique Perottino : "Nous développons une nouvelle stratégie de distribution alternative"

jeudi 30 mai 2024
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INTERVIEW - Pour News Assurances Pro, Véronique Perottino, directrice générale de MS Amlin France, revient en chiffres sur l’activité de l’assureur et sur sa stratégie de développement. Entre conditions tarifaires et enjeux de réassurance ou de RSE, la dirigeante explique également pourquoi la compagnie developpe une nouvelle stratégie de distribution alternative.

Comment s’est déroulé l’exercice 2023 de MS Amlin Insurance SE ?

Le groupe a enregistré un chiffre d’affaires de 1,2Md d’euros, largement porté par les activités P&C et marine (394M d’euros) et en ligne avec la stratégie du groupe à 2025. La France profite également de cette dynamique avec un chiffre d’affaires en progression à 220M d’euros (dont 165M d’euros en P&C et 55M d’euros en marine).

Nous profitons d’un effet tarif réel, mais également d’un effet conquête avec une forte progression sur les grands comptes et les PME. Malgré les émeutes et les inondations, nous avons enregistré une baisse de la sinistralité sur nos grands clients industriels qui ont mis en place davantage de prévention, pour un résultat 2023 lui aussi positif.

Quid des conditions tarifaires du marché ?

En P&C, toutes les lignes se sont détendues, mais je ne peux pas affirmer que l’on soit revenu à un marché soft. Il y a davantage de marges de négociations, même s’il reste un sujet sur la RC.

Sur ce point, nous travaillons depuis mi-2023 notre portefeuille avec une baisse de capacités délivrées aux US, même si nous continuons de souscrire des risques tarifés avec précaution. Le marché européen craint aujourd’hui une hausse des réclamations liées au PFAS notamment. En conséquence, des clauses d’exclusions ont été introduites dans les contrats afin d’éviter des montants d’indemnisation exponentiels.

Comment se sont passées vos discussions avec les réassureurs en ce début d’année 2024 ?

Nous avons réussi à garder les mêmes conditions de réassurance qu’en 2023 avec des hausses de tarifs raisonnables, car nous avions déjà été majorés et nos premiers résultats de l’année sont favorables.

Par ailleurs, sur nos deux traités (Dommages et Cat Nat en excess of loss), nous gardons un panel de réassureurs fidèles et constants, même s’il reste un sujet de discussion autour des catastrophes naturelles.

Sur quel type de clientèle souhaitez-vous vous développer cette année ?

Notre potentiel de croissance est très grand sur les entreprises allant de 50 à 500M d’euros de chiffre d’affaires. Plus que notre offre produit (Dommages / RCG / RC Pro / D&O / etc), ce sont notre qualité de service et notre agilité qui sont nos forces. Nous avons un process de décision local et réactif et lorsque nous nous engageons, nous allons jusqu’au bout.

Nous ne sommes pas dimensionnés pour apériter de grands comptes, mais nous cherchons plutôt à leader 10 à 20 polices locales dans les pays où nous sommes en capacité à apporter à nos clients des services, de l’ingénierie et une gestion de sinistres efficace.

En co-assurance, nous ne voulons pas être de simples suiveurs et nous pouvons apporter une capacité significative qui nous permette in fine de sélectionner nos comptes. Avoir des parts importantes en co-assurance limite également le nombre d’interlocuteurs et donc de problèmes sur une ligne.

Comment appréhendez-vous les questions RSE, tant pour votre organisation que pour vos clients ?

Nous concernant, il est encore difficile de collecter suffisamment de données autour de la RSE. Pour autant, nous avons une maison-mère japonaise très investie sur ces questions et nous venons - à l’échelle européenne du groupe - de calculer notre réelle empreinte carbone.

Nous faisons également évoluer notre système d’informations et cette nouvelle plateforme - entièrement "APIsable" - va nous permettre de collecter davantage de données, notamment de nos partenaires et clients. Enfin, nous utilisons également un outil développé par Swiss Re, notamment dans notre nouvelle stratégie de distribution alternative qui nous permet là aussi de récolter bon nombre de données ESG.

Justement, quels sont vos objectifs de développement via cette nouvelle stratégie de distribution alternative ?

Elle s’adresse aux PME, TPE et professionnels, pour qui nous avons une phase d’écoute et une stratégie d’équipement différente du courtage traditionnel, avec des offres sur-mesure et modulables, entièrement intermédiées. Nous leur proposons ensuite ces offres via des plateformes de courtage comme Add Value Assurances par exemple. Trois personnes travaillent déjà à ces offres au sein d’une équipe dédiée. Nous pensons que c’est un axe de diversification intéressant qui va nous permettre de conquérir de nouveaux clients pros et entreprises.

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