Trois syndicats de WTW France (CFDT, CFE-CGC et CFTC) ont décidé de rompre le dialogue avec la direction générale du courtier. Ils demandent de nouvelles négociations salariales et dénoncent un manque de visibilité dans le projet de transformation de l’entreprise.

Depuis le début du mois de juin, le dialogue est rompu entre les organisations syndicales de WTW France et sa direction générale. CFDT, CFE-CGC et CFTC ont décidé de quitter la table des négociations après avoir demandé l’ouverture de nouvelles discussions salariales.

« Le climat est tendu. Après l’échec du rapprochement avec Aon et une période Covid complexe, le dernier accord NAO signé pour 2022 était selon nous insuffisant au regard des efforts fournis par les salariés. Les enveloppes de participation étaient elles aussi très faibles compte tenu des moyens financiers du groupe qui ne s’est jamais aussi bien porté, explique un représentant CFCT. En cette période où le pouvoir d’achat est mis à mal par l’inflation, nous avons donc demandé à la direction générale de WTW France mais aussi aux dirigeants du groupe (ndlr : Carl Hess et Anne Pullum) l’ouverture immédiate d’une négociation exceptionnelle sur le partage des bénéfices de l’entreprise », poursuit-il.

Cette intersyndicale demande en effet une augmentation générale des salaires compensant celle de l’inflation et souhaite notamment revoir les systèmes de participation/intéressement considérés comme « notoirement faibles » face à la concurrence. « Nous demandons également à ce que les indemnités liées au télétravail soient réévaluées. Le travail à distance a permis au groupe de réaliser des économies substantielles, mais nous n’en profitons pas », explique une responsable de la CFDT.

RDV aux prochaines NAO

C’est dans ce contexte que les trois organisations syndicales et les dirigeants du courtier se sont rencontrées le 1er juin dernier. « La direction générale nous a opposé une fin de non-recevoir et nous a renvoyés aux prochaines NAO du mois d’octobre. Nous avons donc quitté la table des négociations jusqu’à ce que des avancées financières significatives nous soient présentées », poursuit cette dernière.

Contactée par la rédaction de News Assurances Pro, la direction générale de WTW France n’a pas souhaité faire de commentaire. Mais, « le sujet des salaires est une problématique d’importance pour le groupe. Si les dernières négociations salariales ont eu lieu avant que les chiffres de l’inflation n’augmentent, le groupe porte une très grande attention au pouvoir d’achat de ses salariés, notamment à travers de compensations financières pour ceux en télétravail », précise-t-on en interne.

Les prémices d’une nouvelle vente

Surtout, les représentants syndicaux s’inquiètent du virage opérationnel pris par WTW ces derniers mois et dénoncent le manque de visibilité du plan de croissance dévoilé en fin d’année dernière par l’entreprise. « Les consultations sur les grandes orientations stratégiques de l’entreprises se sont achevées la semaine dernière. Nous n’avons aucune information à plus de 6 mois alors que le plan s’inscrit à horizon 2024. Il est également question d’une réorganisation sans plus de visibilité alors que nous avons perdu de nombreux collaborateurs ces derniers mois, y compris d’importants profils qui ne sont pas remplacés. Depuis le changement de nom de Gras Savoye, il y a clairement un serrement de vis dans la politique sociale et opérationnelle du groupe qui nous laisse penser que WTW ne cherche plus que la rentabilité », note ensuite la responsable syndicale de CFE-CGC.

« La direction générale a toujours été attentive au dialogue et à la qualité des relations avec les partenaires sociaux. Sur le plan stratégique, la phase d’instruction du chantier engagé est longue et toujours en cours. Nous avons informé les syndicats et pris rendez-vous avec eux pour les prochaines séquences. On ne leur cache rien sur l’état d’avancement du projet", rétorque une source interne chez WTW France avant d’ajouter : "une nouvelle gouvernance est en train de se mettre en place avec une phase d’audit plus profonde. Là encore, les partenaires sociaux seront informés en temps voulu et nous avons toujours été dans une volonté de co-construction avec ces derniers ».

En filigrane, les trois organisations syndicales craignent surtout que cette transformation à marche forcée ne soit en fait les prémices d’un nouveau process de vente de la filiale tricolore de WTW.