100% santé : Agnès Buzyn lance la réforme dans un centre mutualiste
REPORTAGE - La ministre des Solidarités et de la Santé s’est rendue dans un centre Écouter Voir pour lancer la réforme sur le 100% santé, accompagnée de Thierry Beaudet, le président de la Mutualité Française.
Agnès Buzyn a visité un centre mutualiste du 2ème arrondissement de Paris le 8 janvier pour échanger avec une audioprothésiste, une chirurgien dentiste et un opticien. Elle était accompagnée des deux architectes de la réforme du 100% santé : Mathilde Lignot Leloup, directrice de la Sécurité Sociale, et Nicolas Revel, directeur général de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie.
« Nous venons de changer le nom de l’enseigne mutualiste. Nous l’avons appelée Écouter Voir pour renforcer l’idée d’accessibilité », a expliqué Thierry Beaudet, président de la Mutualité Française à la ministre. « Nous valorisons l’augmentation de la base de remboursement des audioprothèses. Les 1.700 chirurgiens dentistes et les 444 audioprothésistes de nos centres mutualistes sont progressivement formés au 100% santé afin d’être en mesure d’expliquer la réforme aux patients », a-t-il expliqué.
Agnès Buzyn s’est ensuite entretenue avec une jeune audioprothésiste, qui lui a fait part des aspects techniques et humains de la prise en charge des personnes malentendantes. L’audioprothésiste a évoqué les freins psychologiques qui empêchent les personnes de s’équiper, le rôle de l’appareillage sur le déclin cognitif des personnes âgées.
Le centre n’a pas constaté une augmentation de la fréquentation depuis le 1er janvier suite à l'augmentation de la base de remboursement sur les audioprothèses. La professionnelle de santé a attiré l’attention de la ministre sur certaines enseignes qui proposent « un iPhone offert pour une audioprothèse achetée ». La ministre a condamné de telles pratiques publicitaires et dit qu’elle étudierait la question.
Effet d'attentisme en dentaire
Lors des échanges avec une dentiste, la ministre a demandé si les patients avaient repoussé les soins. « Nous avons constaté une baisse de notre chiffre d’affaires dès octobre-novembre. Moi-même j’ai recommandé à certains patients d’attendre le 1er janvier pour les prothèses couvertes par le panier 100% Santé. Par contre, certains patients n’ont pas bien compris que la réforme ne concerne pas toutes les prothèses en céramique mais uniquement celles sur les dents visibles. D’autres patients n’ont pas bien compris que le reste à charge zéro intervient après le remboursement de l’Assurance maladie et complémentaire », a partagé la chirurgien dentiste. Elle a enfin soutenu que le renoncement aux soins ne s’explique pas que pour des raisons économiques mais parce que certains patients ont peur d’avoir mal. Interrogée sur la revalorisation des soins conservateurs, la dentiste a répondu que sa pratique médicale n'avait pas changé pour autant.
La visite a continué dans un centre optique quelques mètres plus loin. Médecin dans l'âme, Agnès Buzyn a évoqué en préambule la DMLA, (Dégénérescence maculaire liée à l’âge), une pathologie qui atteint la zone centrale de la rétine et provoque une perte de vision au centre du champ de vision. La ministre a reconnu d’importants restes à charge pour les patients atteints de DMLA devant porter des lunettes teintées. « Je continue à être alerte sur les trous dans la raquette de la couverture », a-t-elle déclaré.
Le centre optique propose une cinquantaine de modèles de montures différents du panier A. La ministre a salué le positionnement du présentoir de montures du panier 100% santé. « J’espère que vous n’allez pas déplacer ce présentoir au fond du magasin après mon départ », a plaisanté la ministre, avant d’essayer quelques paires. « C’est très bien, je reviendrai car je déteste les marques », a-t-elle soufflé.
Elle a ensuite étudié le devis normalisé dans lequel les opticiens doivent obligatoirement proposer une offre du panier A sans reste à charge. « Nous avons étendu les garanties associées telles que la casse ou le service après-vente aux équipements du 100% Santé », explique Arthur Havis, directeur général d’Écouter Voir. « Le client qui vient pour le 100% Santé est servi de la même façon qu’un client normal », a-t-il indiqué. « Le client 100% Santé c’est un client normal », a corrigé Albert Lautman, directeur général de la FNMF.
Le directeur général de la Mutualité Française a assuré que les équipements du panier 100% santé étaient "de très bonne qualité", une affirmation qui a obtenu l'aval inconditionnel de la ministre.
Agnès Buzyn a rappelé que le 100% Santé aura un coût d'un milliard d'euros sur trois ans, dont 750 millions d'euros seront pris en charge par l'Assurance Maladie et 250 millions d'euros par les organismes complémentaires. Ces calculs sont basés sur un taux de recours d'environ 20%. "Nous pensons qu'un Français sur cinq aura envie d'accéder au panier 100% Santé", a indiqué la ministre.
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