100% santé : les audioprothésistes mettent en garde les réseaux
Luis Godinho, président du syndicat national d'audioprothésistes Unsaf, considère que la réforme sur le reste à charge zéro renforce le pouvoir de négociation des professionnels de santé vis-à-vis des réseaux de soins.
Luis Godinho, président de l'Unsaf, est convaincu que la réforme sur le 100% santé a modifié le rapport de forces entre les réseaux de soins et les professionnels de santé. « C'est l'ancien système et l'inefficacité des réseaux qui a amené le gouvernement à faire la réforme sur le reste à charge zéro », affirme-t-il. Suite à la mise en place de cette réforme, le rôle des réseaux de soins sera moindre, selon le représentant des audioprothésistes, car à partir de 2021 tous les audioprothésistes, conventionnés ou pas, offriront une offre sans reste à charge. La raison d'être des réseaux serait donc banalisée.
A partir de 2021, les Français pourront avoir accès à une audioprothèse de classe 1 sans reste à charge à 950 euros (240 euros pris en charge par l'Assurance Maladie et 710 euros pris en charge par l'assurance complémentaire). Les audioprothésistes pourront continuer à prescrire des audioprothèses haut de gamme, dites de classe 2, mais Luis Godinho conditionne cette prescription à une révision profonde des conditions de conventionnement avec les réseaux de soins. « Si le conventionnement n'est pas respectueux du professionnel de santé, l'audioprothésiste incitera le patient à prendre un équipement de classe 1 », affirme Luis Godinho.
Les audioprothésistes sont convaincus que les réseaux de soins ont montré leurs limites. « Les contrats sont complètement déséquilibrés et les obligations sont toutes du côté des professionnels », proteste-t-il. Juste après la signature de l'accord sur le reste à charge zéro, l'Unsaf avait déjà exprimé son souhait de contourner les réseaux et de négocier directement avec les familles de complémentaires santé, dont la FNMF en priorité.
Lors de la conférence de presse des résultats annuels de MGEN, Isabelle Hébert, directrice générale, a confirmé que la mise en place de la réforme sur le 100% santé aurait un impact important sur les réseaux en optique et audioprothèse, dont les contrats de conventionnement arrivent à échéance en 2019 et 2020. « Les accords de conventionnement doivent être revus. Il est pas certain que les réseaux tels qu'ils ont été construits répondent à nos besoins demain », a dit Isabelle Hébert.
Par ailleurs, l'Unsaf, syndicat national des audioprothésistes, a rencontré le 4 juillet la ministre des Solidarités et de la Santé concernant la mise en œuvre de la réforme sur le 100% santé. Le syndicat sera particulièrement attentif à l'évolution de l'actuelle offre sans reste à charge destinée aux bénéficiaires de la CMU-C, aux modalités de la future offre pour les bénéficiaires de l'ACS. Autre point de vigilance concerne les niveaux de remboursements des complémentaires pendant la période de transition, en 2019 et 2020, avant l'entrée en vigueur de l'offre sans reste à charge en 2021.
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