2020 : Déficit record pour les comptes de la protection sociale

mercredi 15 décembre 2021
Image de 2020 : Déficit record pour les comptes de la protection sociale

Les comptes de la protection sociale français affichent un déficit de 51Mds d’euros en 2020 à cause des effets de la crise sanitaire, selon le dernier panorama de la Drees. Les recettes sont restées stables tandis que les dépenses atteignent 872Mds d’euros, en hausse de 7,8%.

La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) publie son panorama « La protection sociale en France et en Europe en 2020 », qui intègre les comptes des organismes publics mais également des organismes complémentaires privés.

Les différents pays de l’Union européenne ont fortement augmenté les dépenses de protection sociale pendant cette année de crise sanitaire, pour compenser la baisse d’activité liée au confinement et pour soutenir le système de santé. En France, le système de protection sociale a dépensé 750 euros supplémentaires par habitant, portant la dépense à 12.000 euros par an et par habitant.

Les Etats ont notamment déployé des mesures de soutien au revenu à destination des ménages pauvres, des jeunes et des travailleurs indépendants ; mais également des mesures de soutien à l’emploi. En France, au printemps 2020, 20% des actifs étaient placés en chômage partiel, un niveau comparable à celui du Royaume-Uni et de l’Irlande est très supérieur à celui de l’Allemagne.

Les comptes de la protection sociale affichent un déficit historique de 51Mds d’euros, contre un solde positif de 13Mds d’euros en 2019. Les dépenses s’élèvent à 872Mds d’euros, en hausse de 7,8% par rapport à 2019, dont 46Mds d’euros de dépenses exceptionnelles liées à la crise sanitaire. Les prestations de protection sociale représentent 813Mds d’euros tandis que les dépenses autres que les prestations bondissent de 24,6% pour atteindre 59Mds d’euros.

Ce poste a été particulièrement impacté par les dépenses supplémentaires liées à la crise sanitaire (11Mds d’euros), à savoir l’achat des masques et de matériel médical, ou encore les aides financières accordées aux professionnels de santé, aux crèches et aux cliniques privées pour compenser leur baisse d’activité.

Le risque emploi devient le premier contributeur à la croissance globale des prestations, sous l’effet du chômage partiel. Il représente 10% des prestations, contre 6% en 2019. Les prestations du risque maladie sont en hausse de 4,3% (après 2,4% en 2019). Elles représentent 228Mds d’euros. « De nombreux pays enregistrent même une croissance des prestations santé bien supérieure à celle observée en France : en Irlande (+16 %), en Belgique (+9 %), au Portugal (+9 %), au Danemark (+8 %), en Italie (+6 %), en Suède (+6 %), en Allemagne (+5 %) », signale la Drees.

En France, la Drees explique cette hausse par « les hausses de prestations du secteur hospitalier, et dans une moindre mesure, des soins de ville ». Ces soins augmentent malgré les baisses de consultations de médecins spécialistes et généralistes, à cause de la hausse des actes de laboratoire liés aux tests de dépistage. La hausse annuelle de 24,4% des indemnités journalières s’explique par les arrêts maladie liés à l’épidémie et les arrêts dérogatoires (garde d’enfants et personnes vulnérables) jusqu’au 1er mai 2020.

Stabilité des ressources

Les ressources du système de protection sociale, en revanche, se maintiennent presque stables à 821Mds d’euros. Les effets de la baisse d’activité sur les cotisations, en recul de 3,8%, ont été compensées par la hausse des contributions de l’État (+22,3%). Les impôts et taxes affectés aux régimes de protection sociale (Itaf) progressent de 0,7%. Dans les recettes, on y retrouve également la contribution exceptionnelle des organismes complémentaires. La Drees indique que cette contribution s’élève à 500Mds d’euros en 2020, contre 1Md d’euros prévu par la loi, car elle ne prend en compte que la contribution des mutuelles et des institutions de prévoyance. Les sociétés d’assurance sont exclues du champ des comptes de la Drees.

Ces comptes « ne reflètent qu’en partie l’ampleur du choc absorbé par les administrations publiques en 2020 », signale la Drees. Le déficit public, lui, passe de 75Mds d’euros en 2019 à 209Mds d’euros en 2020. La bonne nouvelle c'est que toutes ces mesures ont permis d'amortir le choc de la crise Covid sur la population. La France affiche un taux de pauvreté monétaire stable en 2020 par rapport à 2019, alors que celui-ci augmente en Italie, en Espagne, en Irlande et en Suède. En France, la variation du pouvoir d'achat du revenu brut disponible des ménages a même augmenté de 0,3% entre 2019 et 2020, alors que dans l'Union Européenne, il a baissé de 0,3% en moyenne, en Italie a diminué de 2,7% et en Espagne a chuté de 4,9%.

Contenus suggérés