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Yoann Chery : « MIC veut se développer via Leader Underwriting en Belgique »

mardi 11 décembre 2018
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INTERVIEW - Yoann Chery, président et fondateur du groupe Leader Insurance, revient sur son exercice 2018 et sur les difficultés que rencontre le marché de l'assurance construction en France. Le dirigeant fait également le point sur les objectifs de développement de ses différentes entités. 

Où en est Groupe Leader Insurance depuis la sortie du capital d'Asqua ?

Avec Jacques Pelletier, mon associé depuis 2013 et patron d'Asqua, nous avions créé la holding Groupe Asqua Leader. En début d'année 2018, je me suis relué au capital (dont je déteins désormais 52%) aux côtés de LT Capital (à 48%) pour créer une nouvelle holding baptisée Groupe Leader Insurance et anticiper de futures opérations de « build-up ».

Cette nouvelle holding chapeaute aujourd'hui le courtier Leader Assurance (sur des risques IARD / Santé / Prévoyance), les agences de souscription Leader Underwriting - mandataire exclusif de l'assureur Millenium (MIC) pour la France - et Axre Insurance (toutes deux sur des risques entreprises et construction) et enfin, le courtier grossiste en ligne Cover Insurance (sur des risques atypiques comme les bars, restaurants, discothèques, etc).

Comment s'est passé votre exercice 2018 ?

Nous réalisons une très belle année et nous allons clôturer l'exercice à 25M€ de commissions pour près de 4,5M d'euros de résultats. Je rappelle qu'au lancement de notre activité en 2004 nous enregistrions 17.000 euros de commissions. Par ailleurs, nous avons embauché un DG opérationnel, une directrice conformité, un DAF ou encore deux juristes. Nous comptons aujourd'hui 82 salariés, contre 55 l'année précédente.

La structure a enregistré cette année 15 points de croissance interne et il est temps d'envisager des opérations de « build-up » pour 2019. Néanmoins, nous tenons à garder un business model entrepreneurial, en veillant lors de rachats à ne pas faire « d'empilement ». Lorsque l'on observe les valorisations de certains cabinets de courtage à 15 fois l'ebitda, je me méfie des éventuelles bulles spéculatives provoquées par les grands fonds d'investissement.

En assurance construction, la solidité de MIC est souvent pointée du doigt, surtout après les récentes défaillances de plusieurs assureurs opérant en France en LPS. Quelle est votre réponse ?

MIC est un assureur de métier qui respecte le système de provisionnement du marché français de la construction, avec en séquestre les deux premières années de primes et une capitalisation sur 14 ans. La compagnie délivre chaque mois un SCR à son organe de contrôle qui n'est autre que l'autorité de contrôle britannique (FCA). Fin octobre, MIC enregistrait un SCR proche de 120% alors que la loi impose un minimum de 100%, le seuil d'alerte de la compagnie étant à 106%.

Certes, ce niveau de capital de solvabilité requis n'est pas le plus haut du marché, mais lorsque j'observe des SCR à 360%, le problème n’est selon moi plus assurantiel mais fiscal, certains se servant de la législation prudentielle pour étouffer du résultat. A l'échelle de la compagnie, 1 point de SCR représente environ 1M d'euros. La récente levée de fonds du groupe de 11,7M d'euros en 2017 a servi uniquement à rehausser les fonds propres, puisque la compagnie ne distribue pas de dividendes.

Désormais, notre objectif est d'atteindre 140% de SCR de deux manières. D'abord par la qualité de souscription des risques, puis par une seconde augmentation de capital. Cela nous permettra d’obtenir l’objectif que nous nous sommes fixé :  un "Rating" A, indispensable pour nous lancer sur le marché de l’Amérique Latine et améliorer notre image.

Pourquoi cette mauvaise image persiste-t-elle d'après vous ?

Lorsque l'on analyse les difficultés d'Elite, de CBL ou d'Acasta par exemple, vous retrouvez à la base des dirigeants qui sont, avant d'être assureurs, réassureurs ou courtiers, des financiers. Entre les problèmes d'escroquerie des uns et la sinistralité irrattrapable des autres, ces structures sont toutes venues chercher de la rentabilité facile et rapide au détriment des assurés.

A contrario, le président de MIC, ancien directeur au sein de Mapfre, est également président du syndicat des courtiers espagnols depuis plusieurs années. Il opère en tant qu'assureur spécialiste des branches caution et construction depuis près de 25 ans.

Nous sommes victimes d'amalgames, d'autant que le groupe est réassuré par Mapfre Re ou des « brokers syndicats » des Lloyd's. Il est donc vexatoire d’être assimilé aux pratiques de compagnies à vocations purement financières. De plus, nous subissons le lobbying de certaines compagnies traditionnelles, envieuses des 15% de part de marché tricolore que nous avons en RCD (environ 35.000 polices).

Aujourd'hui, entre 45 et 50% des activités de Groupe Leader Insurance concernent l'assurance construction, aussi bien en direct, que sur les activités grossiste. La construction représente 60% du chiffre fait via Millenium et nous assurons 10.000 immeubles, 4.000 Multirisques Pro et 3.000 RC Pro (hors construction). Désormais, même si les porteurs de risques se font rares, le business a horreur du vide et ceux qui sont partis sont déjà en passe d'être remplacés.

Qui sont ceux qui peuvent revenir sur ce marché ?

Certains grands groupes d'assurance européens sont sur les rangs pour intégrer le marché français de l'assurance construction et des annonces seront faites à la rentrée 2019. Certains réassureurs s'intéressent également à ce marché, en se servant de la licence RC (branche 13) de certaines compagnies pour faire du fronting. Et je parle de réassureurs qui enregistrent des chiffres d’affaires à plusieurs dizaines de milliards d'euros. Même de petites mutuelles vont servir de fronteurs (avec 10% du portage de risque) pour de grands réassureurs qui porteront derrière le reste du risque en « excess loss ».

Quelles sont vos perspectives de développement en 2019 ?

Toujours sur la construction, MIC veut se développer via Leader Underwtring en Belgique qui a rendu obligatoire la RC Décennale depuis le mois de juillet dernier. Le mécanisme belge fonctionne notamment avec une franchise opposable au tiers et ne touche qu'à la solidité et à la structure du bâti. Là-bas, soit le maître d'ouvrage souscrit une RC Décennale pour l'ensemble du chantier, soit chaque entreprise prestataire souscrit la sienne. Enfin, contrairement à la France, la loi autorise un plafond minimale de 500.000 euros par sinistre, ce qui nous permet de maîtriser nos engagements.

Nous venons d'obtenir un agrément et nous allons donc ouvrir à court terme un bureau là-bas, sur un marché évidement plus petit qu'en France, et nous allons y retrouver des acteurs comme Protect qui travaille notamment pour Axelliance.

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