Absentéisme : Comment expliquer la dérive des arrêts de travail en 2022 ?

lundi 28 août 2023
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Confrontée à une croissance des arrêts de travail sans précédent, l’Assurance maladie décortique les raisons de cette dérive. Un plan d’action dédié vise les médecins prescripteurs, les assurés et les entreprises afin de limiter les dépenses.

Le phénomène de l’absentéisme n’est pas nouveau, mais la dérive s’est accentuée en 2022. Le constat est partagé par les différentes études publiées par les assureurs complémentaires et l’Assurance Maladie.

Dans son dernier rapport charges et produits publié en juillet dernier, la Cnam a constaté une croissance annuelle de 3,8% des indemnités journalières entre 2010 et 2022. L’effet démographique n’est la principale raison. Ainsi, l’augmentation de la population active contribue à hauteur de 23% sur cette croissance. Le vieillissement de la population des bénéficiaires des IJ maladie explique 13% de l'augmentation. La Cnam rappelle que le taux d’activités des assurés de 55 à 64 ans est passé de 43% à 60% en 12 ans, de 2010 à 2022.

Par ailleurs, le montant moyen des indemnités journalières a également augmenté pendant la période. Cette évolution explique 18% de la dérive. En plus, l’augmentation de la durée moyenne d’arrêt par classe d’âge y contribue à hauteur de 23%. Enfin l’augmentation du taux de recours aux IJ est responsable de 14% de la croissance.

En plus de ces aspects structurels, la crise sanitaire a eu un effet délétère sur les arrêts de travail. L’Assurance Maladie indique que l’évolution globale des IJ en 2022 par rapport à 2021 est de 13,9%. Mis à part les effets directement liés à la pandémie, la tendance reste très élevée. Hors IJ liées au Covid, la croissance est de l’ordre de 8,2%.

2022, année record

Comment expliquer ce bond de l’absentéisme en 2022 ? Pour l’Assurance maladie, la mise en place des indemnités journalières pour les professions libérales depuis juillet 2021 explique 0,7 point de la croissance. Les augmentations successives du SMIC depuis octobre 2021 représentent 2 points de croissance. Enfin, l’Assurance maladie mentionne deux grippes saisonnières qui ont compté pour 0,3 point de croissance et 40M d’euros sur les dépenses IJ.

Concernant les motifs d’arrêt, l’Assurance maladie a constaté une « progression des motifs liés à des troubles de la santé mentale et un rattrapage des arrêts liés à des maladies virales et bactériennes, en retrait en 2021 ».

Un plan d'action pluriannuel

Face à cette augmentation des dépenses, l’Assurance maladie a mis en place un plan pluriannuel. L’objectif est d’atteindre un impact financier de 200M d’euros en 2023 et 230M d’euros pour 2024, selon le rapport de la Cnam. Pour y parvenir, elle a renforcé le contrôle auprès des médecins prescripteurs dits « atypiques », qui prescrivent plus d’arrêts que la moyenne. L’Assurance maladie a ainsi contacté environ 1.000 médecins, les 1,5% les plus prescripteurs.

Le plan de l’Assurance maladie s’adresse également aux assurés sociaux et aux entreprises, avec un renforcement des contrôles des assurés en arrêt et un accompagnement des entreprises présentant un taux d’absentéisme élevé.

Par ailleurs, la Cnam souhaite davantage encadrer la prescription des arrêts de travail par téléconsultation. Elle préconise de limiter à trois jours au maximum la durée des arrêts de travail prescrits à la suite d’une téléconsultation.

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