Arrêts de travail : L'absentéisme coûte 108 milliards d'euros par an en France

vendredi 23 novembre 2018
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Une étude de l'Institut Sapiens réalisée auprès de 2.000 entreprises estime à plus de 100 milliards d'euros par an les coûts cachés de l'absentéisme en France. Le mode de management serait responsable d'une bonne partie des absences.

Combien ça coûte l'absence d'un salarié à l'entreprise ? A l'État ? Mis à part les indemnités journalières, les coûts cachés sont rarement comptabilisés. Une étude de l'Institut Sapiens a calculé ces coûts à l'échelle de la population active employée en France et estime à 107,9 milliards d'euros par an le montant total, soit 4.059 euros par salarié. Cela représente 4,7% du PIB de la France.

L'absence d'un salarié provoque plusieurs types des dysfonctionnement au sein de l'entreprise. 70% des absences se traduisent par des « non-productions », c'est à dire, que le travail des absents n'est ni réalisé, ni compensé. 5% des absences se traduisent par des « surtemps », à savoir les présents prennent en charge une partie du travail des absents au détriment de leur propre travail ou de leurs propres conditions de travail, et 25% des absences traduisent pas des "sursalaires", qui correspondent à la part de salaire versée aux absents, sans contrepartie de production de valeur.

Le mode de management pointé du doigt

Les auteurs distinguent deux types d'absentéisme. Le premier serait inévitable dit « incompressible » et répondrait à des épidémies de grippe, des congés maternité et d'autres facteurs extérieurs à l'entreprise. Un tiers des absences seraient donc inévitables. Le deuxième type d'absentéisme, en revanche, serait lié aux défauts de management. Ainsi, dans 99% des cas, ces absences répondraient à plusieurs facteurs : "des conditions de travail dégradées, une organisation du travail défaillante, une communication-coordination-concertation inadaptée, une formation inappropriée aux situations professionnelles, une mauvaise gestion du temps, des défauts de mise en œuvre stratégique (perte de sens de l'action ou politique de rémunération peu stimulante)". Les auteurs de l'étude pointent du doigt les méthodes de management d'inspiration taylorienne ou weberienne, « fondées sur une conception procédurale, dépersonnalisée et excessivement spécialisée du travail humain ».

Les salariés seraient donc moins absents s'ils avaient la possibilité de discuter ou négocier avec leur manageur sur les différents facteurs identifiés précédemment ; conditions de travail, organisation, communication... L'Institut Sapiens estime que l'amélioration de la qualité du management permet de réduire les coûts cachés de 35 à 55% en l'espace de six mois à deux ans.

L'organisation du travail dans le secteur public et l'absence de marge de manœuvre des agents expliquerait en partie le sur-absentéisme dans la fonction publique par rapport au secteur privé.

En guise de conclusion, les auteurs de l'étude affirment que faire payer les entreprises une partie du des sursalaires d’absentéisme pris en charge, dans certains cas, par la sécurité sociale n'est pas une bonne idée. « En effet, ce serait anti-pédagogique d’une part et, économiquement insupportable de l’autre », indique l'étude. En revanche, les auteurs suggèrent de « reverser une fraction des sursalaires économisés par la sécurité sociale aux entreprises et organisations vertueuses, ayant baissé le niveau d’absentéisme par une amélioration démontrée de la qualité de leur management de proximité ».

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