A l'occasion de la présentation des chiffres du marché de l'assurance en 2019, l'ACPR est longuement revenu sur l'assurance vie. Un sujet intimement lié à celui de la solvabilité.
« Les assureurs sont confrontés à un risque de taux bas. Ils doivent en tenir compte », selon Denis Marionnet, chef de service DEAR à l'ACPR. L'année 2019 a été marquée par le passage des taux en territoire négatif. Pourtant, la collecte nette ne s'est pas essoufflée par rapport à 2018.
Au contraire, elle s'est établie à 20,4Mds d'euros contre 20,1Mds d'euros, un an plus tard. Mais surtout, les assurés on massivement arbitré des unités de compte vers les supports en euros, alors même que les assureurs poussent les feux sur les UC. Sur les 15,3Mds d'euros de collecte nette en euros, 13,2Mds proviennent d'arbitrages des unités de comptes vers les fonds généraux.
Eliminer la procyclicité et la volatilité de Solvabilité 2
Au premier semestre 2020, l'ACPR note « que nous sommes très inférieurs à l'écart-type observés ces dernières années en termes de rachat. Cela montre une certaine confiance des ménages dans l'assurance vie ». Pour autant, les incertitudes demeurent et le niveau de décollette est fort depuis le mois de janvier. Les taux restent structurellement négatifs et la pression sur les ratios de solvabilité se faite sentir. Les chiffres arrêtés au 30 juin montrent un décrochage de 32 points pour les assureurs vie et mixtes. Et cela prend en compte l'intégration de la PPB. « Elle représente une vingtaine de points de base sur les SCR affichés au 30 juin », précise Laurent Clerc, directeur DEAR à l'ACPR.
Repoussée en raison de la crise sanitaire, la révision de solvabilité 2 prendra-t-elle en compte la volatilité des ratios SCR observés cers derniers mois ? « L'avis de l'Eiopa qui sera transmis à la commission européenne comprendra un certain nombre de mesures. Elles seront équilibrées, mais ne remettront pas en cause les principes de Solvabilité 2. En revanche, il faut pouvoir éliminer ce qui relève de la volatilité et de la procyclicité », estime Dominique Laboureix, secrétaire général de l'autorité de contrôle.
Malgré ces frémissements sur la solvabilité et l'assurance vie, le secteur demeure « résilient » selon l'ACPR. Les primes acquises passent ainsi de 302,2Mds d'euros en 2018 à 315,2Mds d'euros. Le résultat net se tasse 12,9Mds d'euros (-1,6Md d'euros). Cela reste supérieur au bénéfice affiché en 2017 (11,6Mds d'euros).
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