ACPR : Des impacts à géométrie variable sur le marché de la santé
Selon une étude de l’ACPR, les organismes d’assurance ont vu leur rentabilité légèrement baisser en 2020 tandis que les mutuelles affichent un résultat net sur primes collectées en hausse. Les IP, en revanche, creusent leur déficit.
La crise sanitaire a eu un impact majeur pour le secteur des organismes complémentaires, mais les conséquences ont été très différentes pour les mutuelles, les institutions de prévoyance et les sociétés d’assurance, selon une étude de l’ACPR publiée le 7 juin.
Baisse des cotisations en santé
Sur le plan des cotisations, les organismes complémentaires en général ont collecté 38,3 milliards d’euros de primes au titre des contrats de complémentaire santé. Le volume des cotisations est en baisse de 0,3% sur un an. Cependant, les entreprises d’assurance ont enregistré une hausse de 2% (+263 millions d’euros), tandis que les mutuelles ont vu leurs cotisations baisser de 1,1% et les institutions de prévoyance, enregistrent un recul de 2,7%.
La baisse des cotisations a été moins importante que celle des prestations, qui ont reculé de 1,9% pour toutes les ocam en 2020, sous les effets du confinement. En moyenne, les organismes santé ont reversé 82,1% de leurs cotisations sous forme de prestations. Les institutions de prévoyance présentent le taux de redistribution le plus élevé (91,5%), suivies des mutuelles (80,3%) puis des entreprises d’assurance (80,1%). Les contrats collectifs sont nettement plus redistributifs (89,8%) que les contrats individuels (74,7%).
Les ratios combinés s'améliorent
La baisse des prestations a entraîné une amélioration du ratio combiné sur le marché de la complémentaire santé. Il passe de 98,9% en 2019 à 97,9% en 2020 pour toutes les ocam. Cette moyenne cache cependant de fortes disparités en fonction du type d’organisme.
Le résultat technique des organismes complémentaires s’élève à 710 millions d’euros, soit 1,9% des primes collectées. Ce niveau de rentabilité est en légère amélioration par rapport à 2019, année pendant laquelle les organismes complémentaires ont dégagé 504 millions d’euros de résultat technique, soit 1,3% des cotisations encaissées.
Derrière la moyenne du secteur, se cachent des sorts divers, en fonction de la proportion de contrats collectifs dans le portefeuille. Les IP améliorent leur rentabilité mais restent dans le rouge, avec un déficit de 198 millions d’euros, soit -3,1% des primes collectées, contre -3,6% en 2019. Les mutuelles, en revanche, dégagent un bénéfice de 624 millions d’euros, soit 3,4% des primes, en amélioration par rapport à 2019. Les entreprises d’assurance améliorent leur situation, avec 284 millions d’euros d’excédents, soit 2,1% des primes collectées.
Sur le marché du collectif, les différentes familles de complémentaires affichent des résultats différents : -2,9% pour les entreprises d’assurance, -3,4% pour les mutuelles et -5,4% pour les IP. Sur le marché individuel, la rentabilité est supérieure mais les écarts entre familles perdurent : 8,2% de résultat technique sur primes pour les entreprises d’assurance, contre 6,6% pour les mutuelles qui ont plus de difficultés pour amortir les coûts de gestion, notamment informatiques, en raison de leur petite taille.
L’ACPR souligne la corrélation entre la taille de l’organisme et la rentabilité, notamment en assurance individuelle. Les organismes aux ratios combinés élevés sont ceux avec de faibles parts de marché tandis que les gros organismes avec des parts de marché plus importantes obtiennent des ratios combinés plus favorables.
Les IP creusent leur déficit
En matière de rentabilité globale des organismes, en prenant en compte toutes leurs activités (MRH, retraite, prévoyance), les résultats technique et non technique, l’année 2020 n’a pas été mirobolante, malgré la baisse des prestations. Les entreprises d’assurance affichent un ratio d’excédent sur primes collectées de 3,9% en 2020, contre 4,3% en 2019. Pour les mutuelles, ce ratio est de 1,4%, contre 0,9% en 2019. Les IP sont les plus touchées par la crise sanitaire avec un déficit de 2,2% en 2020. Toutes familles confondues, le ratio moyen est de 3,2%.
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