Agents généraux : Les retraités de la profession en colère
Face à la décision de la FFA de questionner la contribution des compagnies d’assurance au régime de retraite complémentaire des agents généraux, Gérard Lebègue, le président d’Agéa Senior, parle « d’un cynisme révoltant ».
Alors que la FFA songe à mettre fin à la contribution des compagnies d’assurance au régime de retraite complémentaire des agents généraux, Gérard Lebègue, le président d’Agéa Senior (qui représente les retraités de la profession) monte au créneau.
Dans un courrier adressé aux présidents et directeurs généraux de toutes les compagnies mandantes, ce dernier explique que « tous les agents généraux retraités et toutes les veuves sont profondément choqués par cette position prise par les assureurs […] Entrer en négociation en indiquant que l’objectif est de ne plus financer le régime et refuser de parler de la situation au-delà des années 2022 et 2023 n’est pas admissible et témoigne, une fois de plus d’un cynisme révoltant ».
L’ex-agent Axa enjoint ensuite dans sa missive les compagnies à renoncer à cette décision. « Je reste très attentif à votre prochaine réponse et me permets de vous faire remarquer que, dans ce type de 'dialogue' très particulier, il ne peut y avoir de neutralité de votre part : soit vous êtes contre la thèse de votre fédération et vous défendez votre réseau d’agents généraux, soit vous êtes partisan-solidaire de votre fédération et vous en assumerez toutes les conséquences, tant à l’égard de la collectivité qu’à l’égard de chacun des titulaires des droits concernés », écrit alors Gérard Lebègue.
Aucun texte de référence
Joint par News Assurances Pro, l’ex-président de la commission permanente des agents du Bipar explique que pour l’heure, aucune des mandantes sollicitées ne lui a apporté de réponse.
Co-signataire avec le président d’Agéa du premier courrier envoyé fin mars à la présidente de la FFA et que la rédaction a pu se procurer, Gérard Lebègue et Patrick Evrard indiquaient notamment qu’ « il serait complexe pour les compagnies d'assurance de justifier politiquement et médiatiquement un désengagement d'un régime de retraite par répartition; la comparaison entre les sommes en jeu (89 millions €) et les résultats 2020 des compagnies d'assurance les plus en vue nécessiterait une délicate explication ».
Dans sa réponse, qu’elle n’adresse d’ailleurs qu’à Patrick Evrard et que News Assurances Pro a également pu consulter, Florence Lustman rappelle qu’ « aucun des textes fondateurs du régime obligatoire de retraite complémentaire des Agents Généraux ne fait référence à la contribution des sociétés d’assurance mandantes. Par ailleurs, celles-ci n’étant pas représentées dans les instances de la Cavamac et ne participant pas à la gestion du régime, la contribution apportée par les sociétés mandantes ne saurait être qualifiée de consubstantielle au régime. Cette contribution n’a d’ailleurs pas d’équivalent dans les régimes complémentaires obligatoires mis en place par les autres catégories de professionnels indépendants ».
Indiquant que les réserves du régime sont à un niveau élevé (1,3 Md€) avec un horizon de viabilité qui excède les exigences statutaires de 40 ans, la présidente de la FFA ajoute « nous partageons avec vous le constat que les tests de sensibilité réalisés démontrent une grande variabilité des projections de long terme. Il nous semble néanmoins que d’autres hypothèses que celles présentées par la Cavamac auraient pu être prises en compte dans les simulations servant au pilotage du régime ».
Compte d’exploitation faussé
Joint par la rédaction, Gérard Lebègue martèle que « dans ce système, Agéa Senior est la victime du retrait unilatéral d’un 'droit acquis', dans la mesure où les agents sont les mandataires exclusifs des compagnies. A cet égard, nous sommes soucieux des conséquences sur les agents retraités ».
Au-delà des conséquences pour les agents généraux retraités, le président d’Agéa Senior s’inquiète par ailleurs de l’impact d’une telle mesure sur les jeunes agents qui ont acquis un portefeuille sur les bases d’un compte d’exploitation validé par les compagnies. « Comment les mandantes peuvent-elles attendre un retour sur investissement de ces derniers dans ces conditions ? », s’interroge-t-il. « De même pour les agents en exercice qui souhaitent céder leur affaire dont le compte d’exploitation sera désormais faussé ? Il y a une rupture du contrat moral avec nos agents qui sont pourtant en première ligne pour soutenir les compagnies dans les moments difficiles ».
L’ex-président du syndicat Réussir précise qu’à ce jour l’ensemble des pouvoirs politiques est informé de la situation, du Parlement à Bercy en passant par les associations en régions. « Dans cette affaire nous pourrions envisager de nous retourner vers le législateur afin de tenter d’imposer aux compagnies le financement du dispositif », comme l’indiquait précédemment le président d’Agéa.
A titre documentaire, Agéa Seniors explique également regarder ce qui se fait du côté des agents européens, notamment pour les compagnies exerçant en France avec un réseau d’agents, certaines possédant leur propre système de retraite négocié et sur-mesure.
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