Le géant de l'assurance Allianz a reconnu vendredi des défaillances dans le management de sa filiale de gestion d'actifs Allianz Global Investors, au coeur de poursuites aux Etats-Unis, qui pourraient lui coûter des milliards d'euros de sanctions, une affaire éclipsant les performances favorables affichées au deuxième trimestre.
Depuis un an, Allianz fait l'objet de poursuites civiles par des fonds d'investissement américains furieux d'avoir essuyé des pertes importantes pendant la crise du coronavirus à travers des fonds structurés dénommés "Alpha", logés dans la filiale Allianz Global Investors, l'un des principaux gestionnaires d'actifs au monde.
Allianz a répété vendredi qu'il coopère depuis un an avec le gendarme américain des marchés, la SEC qui a lancé dès 2020 une enquête règlementaire. Mais l'affaire a pris un tournant plus grave avec le département américain de la Justice (DOJ) qui a ouvert une enquête pénale, valant à Allianz de traverser "une semaine horrible", selon le président du directoire Oliver Bäte. Après avoir fait réexaminer les faits, le patron a reconnu vendredi que "tout ne s'est pas parfaitement déroulé dans la gestion des fonds" mais "c'est indépendant de la question si le produit est bon ou mauvais" en terme de performance.
Dans l'incapacité de livrer tout détail sur le fond des poursuites du DOJ, M.Bäte veut in fine préserver les intérêts des actionnaires. "Régler (un litige de manière) rapide revient parfois très cher" et entraînerait "le prochain problème avec nos actionnaires qui nous reprocheraient d'avoir agi trop vite et (pour un coût) trop élevé", a-t-il expliqué. Allianz avait évoqué lundi un possible "impact significatif" en milliards sur ses résultats futurs, tandis que les requêtes civiles atteindraient quelques 6 milliards de dollars, a appris l'AFP.
Objectif annuel affiné
En guise de douceur accordée aux actionnaires, l'assureur a annoncé jeudi soir un nouveau programme de rachat d'actions portant jusqu'à 750 millions d'euros dépensés entre août et décembre. Il veut ainsi rendre du capital à ses détenteurs, tandis que les actions rachetées seront supprimées, ce qui permettra de relever mécaniquement le cours. De quoi réjouir les investisseurs: à la Bourse de Francfort, le titre glanait vendredi 3,10% à 198,7 euros. En matinée, Allianz a fait état d'un bénéfice net part du groupe de 2,2 milliards d'euros au deuxième trimestre, en hausse de 46% sur un an.
Son résultat opérationnel (Ebit), à 3,3 milliards d'euros, est en hausse de 29% et doit désormais atterrir au terme de l'exercice "dans le haut de la fourchette" fixée initialement entre 11 et 13 milliards d'euros, a indiqué l'assureur. Cette prévision tient compte d'une perte nette de 400 millions d'euros, après réassurance et reconstitution des primes d'assurances, estimée après les crues dévastatrices de juillet dans l'Allemagne de l'Ouest.
Sur le trimestre écoulé, les catastrophes naturelles ont causé 607 millions d'euros de remboursements dans la branche dommages, la raison incombant notamment aux tempêtes Volker et Xero qui se sont abattues sur l'Europe au mois de juin. L'impact de la pandémie de Covid-19 a été en revanche "non significatif", alors que les économies ont rouvert au printemps sur fond de baisse sensible des cas d'infections et d'accélération des campagnes de vaccinations. Au final, cette branche phare a dégagé un résultat opérationnel de 1,4 milliard d'euros au deuxième trimestre, en hausse de 19% sur un an. Les divisions santé-vie et gestion d'actifs ont chacune amélioré leur performance de près de 30% sur un an, tirées par des recettes et abondements de fonds en hausse.
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