Anne Hidalgo : "Je suis contre le scénario de Grande Sécu"
La candidate à l’élection présidentielle Anne Hidalgo rejette le scénario de « Grande Sécu » et salue la participation des citoyens et des partenaires sociaux dans la gouvernance des organismes de protection sociale.
Anne Hidalgo a détaillé certaines propositions de son programme électoral le 19 janvier, face aux journalistes l’Association de journalistes de l’information sociale (Ajis). Interrogée sur les difficultés des seniors pour financer leur complémentaire santé, la candidate socialiste a répondu : « Je ne suis pas favorable au scénario de grande Sécu. On peut penser qu’en regroupant assurance maladie et complémentaires, cela va donner des droits supplémentaires, mais je ne suis pas sûre. 'Big is beautiful' ce n’est pas ce que l’on voit en vrai. Souvent la rationalisation du système conduit à la diminution des coûts de gestion et pas forcément à l'accroissement des prestations ».
Anne Hidalgo s’oppose à ce scénario d’élargissement de la Sécu car « au passage, il va tuer le mouvement mutualiste, de participation des travailleurs à la gestion des systèmes sociaux qui pour moi est un élément important dans notre démocratie. Je préfère avoir des administrateurs dans les mutuelles ou des régimes complémentaires que des hauts fonctionnaires ou toute une bureaucratie. C’est important que les citoyens soient impliqués, et de maintenir un paritarisme dans la gestion de tous les pans de la protection sociale. La démocratie sanitaire devrait être plus affirmée dans la gestion de l’assurance maladie ».
Transformer l'ondam en onsp
La candidate socialiste s’est également montrée très critique envers l’ondam (objectif national de dépenses d’assurance maladie) qui « a une entrée exclusive par les questions de gestion comptable des dépenses de santé. Il faudrait partir des questions d’utilité et des besoins de santé du pays ». Elle propose donc d’organiser tous les ans une discussion au Parlement sur les besoins de santé au premier semestre. Le résultat de cette discussion devrait être intégrée dans le PLFSS. Elle veut transformer l’ondam en objectifs nationaux de santé publique (ONSP).
La santé publique et la prévention sont un des axes majeurs de son programme. Elle souhaite faire de la santé mentale une grande cause du quinquennat, reconnaître le burn-out comme maladie professionnelle, rétablir les CHSCT dans toutes les entreprises de plus de 50 salariés afin de porter les questions de santé au travail. Elle veut enfin mettre en œuvre un grand plan de prévention et de prise en charge des maladies chroniques. Cet investissement sur la prévention « doit permettre de diminuer à terme les dépenses de santé de manière importante », selon son programme.
La candidate socialiste propose par ailleurs de maintenir l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans. « Il n’y a pas de risque sur le financement de notre système de retraite. La droite (Emmanuel Macron et Valérie Pécresse) veut faire du sujet de départ à la retraite un totem. Je conteste, ce n’est pas sérieux et c’est une façon détournée de mettre en cause notre système de pension afin de réduire la dépense publique », a déclaré Anne Hidalgo. Elle suggère dans son programme de réintroduire des critères de pénibilité et de revaloriser les pensions les plus faibles à 1.200 euros, au plus près possible du smic. Elle veut également travailler sur le taux d’emploi des seniors via la négociation dans les entreprises.
Comment financer la 5ème branche ?
Concernant la perte d’autonomie, et notamment le financement de la cinquième branche, Anne Hidalgo a répondu « qu’il va falloir une part importante de financement public, combiné à l’utilisation du patrimoine des ménages. Ce sera un effort à porter, un défi de société », a déclaré Anne Hidalgo.
Pour lutter contre le phénomène des déserts médicaux qui concerne 9 millions de Français, Anne Hidalgo souhaite faire de l’hôpital public le bateau amiral du système de santé dans les territoires. Pour réguler la présence des médecins libéraux dans le territoire, elle n’est pas favorable à la coercition mais souhaite limiter l’installation des médecins sur les zones sur-dotées. Elle souhaite mobiliser les étudiants en médecine pour répondre à la problématique des déserts médicaux en créant une quatrième année d’internat qui serait une année de professionnalisation pour les jeunes médecins. Ils devraient travailler pendant 12 mois dans un désert médical, aux côtés d'un médecin, en qualité de médecin-assistant.
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