La Fédération française de l'Assurance a écarté jeudi de baisser les tarifs des assurances automobiles pour 2020, comme le réclamait une association de consommateurs, estimant qu'un éventuel recul des sinistres sur l'année complète entraînerait cependant un recul des cotisations l'an prochain.
"Ce n'est qu'à la fin de l'année que nous pourrons juger de la réalité des accidents automobiles pour 2020. S'il se trouve que les primes perçues ont été supérieures aux sinistres payés, cela se répercutera sur les tarifs de l'année 2021", a déclaré la FFA dans une lettre de réponse à l'UFC-Que Choisir transmise aux médias.
Les assureurs doivent diminuer les cotisations demandées aux particuliers pour assurer leurs véhicules en raison de la crise du coronavirus qui a fait chuter le trafic et donc le nombre d'accidents, avait jugé lundi cette association qui défend les consommateurs français. "Face à la crise budgétaire à laquelle les ménages sont confrontés, l'UFC-Que Choisir demande aux pouvoirs publics que les économies des assureurs bénéficient intégralement aux assurés", avait-elle déclaré dans un communiqué.
La Fédération française de l'assurance lui a répondu jeudi en contestant ce raisonnement, qu'elle a jugé "dangereux" et "contraire aux intérêts des assurés". "Il est un fait que nous avons constaté une baisse d'environ 75% du nombre d'accidents lors de cette période de confinement, et ce sur une période de deux mois", reconnaît la FFA. Mais elle souligne qu'une assurance "est contractuellement souscrite pour une année, moyennant une prime convenue" et que "le respect du contrat est une obligation pour les deux parties".
Pour la fédération des assureurs, la demande de l'UFC-Que Choisir "porte atteinte" au principe de mutualisation, selon lequel on "répartit les risques dans l'espace et dans le temps". Si l'accidentologie a fortement baissé en mars et avril, "qui peut raisonnablement anticiper la situation dans les prochains mois?", a-t-elle interrogé.
"Il est dangereux de faire croire aux assurés que, parce qu'il fait beau un jour, il faudrait se faire rembourser les primes catastrophes naturelles, ou parce que l'on n'a pas subi de dégât des eaux une année, il faudrait se faire rembourser sa prime d'assurance habitation", déclare la FFA. L'UFC-Que Choisir avait estimé que le secteur devrait baisser d'au moins 1,7 milliard d'euros l'ensemble des cotisations cette année, un montant qui pourrait monter jusqu'à 2,8 milliards d'euros selon les scénarios.
Plusieurs assureurs, dont la Maif et la Matmut, ont cependant déjà décidé d'accorder une remise à leurs clients en raison du contexte exceptionnel de la pandémie de Covid-19.
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