Assurance construction : Entre attentisme et recherche de la rentabilité

jeudi 7 novembre 2019
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Le marché de la construction est sous pression, plombé par une forte hausse de la sinistralité. Dans l'attente d'une inversion du cycle tarifaire, certains acteurs historiques se montrent plus attentistes et cherchent avant toute chose la rentabilité.

Mis à mal par différentes faillites d'assureurs opérant en LPS, le marché de la construction s'apprête à entrer dans un nouveau cycle. « Il existe toujours des assureurs présents sur la branche, mais on sent une forme de désengagement de certains car ils jugent les tarifs trop faibles, notamment sur les polices chantiers », souligne Jean-David Bénatar, directeur du département construction d'Aon France.

La branche construction est, de fait, sous pression, notamment sous l'effet d'une hausse de la sinistralité et plus particulièrement des réclamations immatérielles. « Cela modifie l'appréhension du risque des assureurs, en premier lieu sur la maîtrise d'oeuvre. On les voit gonfler leurs provisions sur l'immatériel », poursuit le courtier. Et pour cause, aujourd'hui, les compagnies pilotent plus finement leur souscription en construction. « Il ne s'agit plus de faire du chiffre d'affaires, mais de dégager de la rentabilité », pointe Jean-David Bénatar.

Les yeux fixés sur le ratio combiné

Le ratio combiné est ainsi devenu le facteur clé, d'autant que s'il s'est amélioré pour l'ensemble du marché passant de 108% à 93% entre 2016 et 2018, plusieurs acteurs ont vu le leur se dégrader. Sur les quatre dernières années, il y a 5 fois moins d'assureurs sous les 90% de ratio combiné, et 5 fois plus au-dessus de 100%. Un chiffre qui ne prend en compte que la dommage-ouvrage (DO) pure, précise Aon France.

Cette politique de souscription plus drastique s'explique également par le contexte de taux bas, voire négatifs qui a rogné sur les marges financières imposant aux assureurs de revenir à une certaine forme de réalité technique. Elle s'explique également par la promesse de rentabilité faite par les compagnies à leurs investisseurs. Ces dernières scrutent de très près le hurdle combined ratio. Contrairement au ratio combiné classique qui mesure la rentabilité technique, il mesure la rentabilité économique d'une branche. C'est ce ratio qui est mis en avant auprès des investisseurs.

Résultat, actuellement, l'heure est plutôt à la souscription opportuniste sur des bons risques. Pour le reste, les grandes signatures sont entrées dans une forme d'attentisme, car sur plusieurs segments de l'assurance construction, un retournement tarifaire est attendu. C'est notamment le cas de la DO dont les taux de souscription sont passés de près de 2,5% en 2001, à 0,8% en novembre 2019. « Nous sommes encore très bas, mais il faut bien avoir conscience de cette historicité en matière tarifaire », prévient le directeur du département construction d'Aon France.

Pour autant, le courtier note un réel appétit pour les chantiers sous les 500M d'euros et ne constate pas encore de difficulté pour monter des projets de coassurance avec apériteur, comme cela peut être le cas sur d'autres branches d'assurance. En revanche, malgré la perspective d'un retournement de cycle tarifaire, peu de nouveaux acteurs entrent sur le marché de la construction.

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