Assurance récoltes : Pacifica profite (déjà) de la réforme

mardi 21 février 2023
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Le siège de Crédit Agricole Assurances à Paris.

Quelques semaines après l’entrée en vigueur de la réforme de l’assurance récolte, Pacifica, filiale dommages de Crédit Agricole Assurances, a vu son portefeuille de contrats croître de 32% par rapport à l’an dernier. Le bancassureur ambitionne de couvrir un quart des agriculteurs français à horizon 2025.

Depuis l’entrée en vigueur de la réforme de l’assurance récolte début 2023, l’activité commerciale de Pacifica, la filiale dommages de Crédit Agricole Assurances, enregistre une dynamique positive. Lors d’une conférence de presse, le deuxième assureur de la Ferme France avec 25% de parts de marché revendiquées sur l’activité agricole, a indiqué avoir enregistré (au 11 février 2023) 6 fois plus d’affaires nouvelles par rapport à l’an dernier. Cette hausse de 32% de son portefeuille multirisques récolte représente « une trentaine de millions d’euros de primes supplémentaires », selon Patrick Degiovanni, le directeur général adjoint de Pacifica.

Dans le détail, le bancassureur voit ses affaires nouvelles grandes cultures progresser de 35% sur un an, quand le portefeuille viticulture croît de 16%. Côté arboriculture, les souscriptions progressent de 54% sur un an et même de 68% sur l’assurance prairies.

Baisse des cotisations

Très actif depuis les premières discussions autour de la mise en œuvre de cette réforme, le bancassureur a surtout souhaité rappeler ce qu’elle considère comme le bien-fondé du dispositif. « Cette réforme vise à créer un choc assurantiel avec une hausse très forte du nombre d’agriculteurs assurés », explique Guillaume Oreckin, le directeur général de Pacifica.

« Pour les exploitant agricoles qui auront fait le choix de s’assurer, ils seront pris en charge à hauteur de 90% par l’indemnité de solidarité nationale et le reste par leur assureur. Cette indemnité vient donc réduire l’engagement des assureurs et donc le montant des cotisations pour les agriculteurs. Et la part prise en charge par les compagnies - suivant le niveau de franchise conservé par l’exploitant - est subventionnée à hauteur de 70% », insiste pour sa part Jean-Michel Geeraert, le directeur du marché de l'agriculture et de la prévention de Pacifica. Sur ce point, le bancassureur constate - à isogaranties (c’est-à-dire à niveaux de franchises et capitaux couverts égaux) - une baisse moyenne des primes de 10 à 15% pour les grandes cultures et la viticulture et de 30 à 45% pour l’arboriculture et les prairies.

[caption id="attachment_1539806" align="alignnone" width="1860"] Jean-Michel Geeraert (Directeur du marché de l'agriculture et de la prévention de Pacifica) - Guillaume Oreckin (Directeur général de Pacifica) - Philippe Dumont (Directeur général de Crédit Agricole Assurances) - Patrick Degiovanni (Directeur général adjoint de Pacifica)[/caption]

Délégation de gestion

Crédit Agricole Assurances, qui fait état pour 2022 d’un ratio S/C de 85% sur la multirisque récolte et grêle, vise « un S/C équilibré autour de 80% sur longue période, indique ensuite Patrick Degiovanni. 2023 est un premier pas dans l’augmentation de l’équipement des agriculteurs et 2024 sera l’année de la réussite totale du dispositif », explique-t-il ensuite.

Reste toutefois plusieurs sujets en suspens et d’abord celui de la délégation de gestion de l’indemnité de solidarité nationale. Si en 2023, l’état gère lui-même la solidarité pour les agriculteurs non-assurés, « en 2024, le ministre a annoncé que la délégation des exploitants non-assurés serait confiée à l’assureur agréé choisi par l’agriculteur », précise de son côté Philippe Dumont, le directeur général de Crédit Agricole Assurances.

« Le sujet financier fait partie des éléments sur la table, mais le temps nous a manqué pour correctement expliquer quels sont les montants en jeu. Il faut traiter les non-assurés aussi bien que les assurés du dispositif et ce sujet nécessite plus de temps pour décider avec l’État et les agriculteurs comment simplifier la gestion des non-assurés », lance pour sa part Guillaume Oreckin. « Même si nous agissons dans le cadre d’une délégation de service publique, nous somme soucieux de proposer un service de grande qualité et ne pouvons pas nous permettre d’engager notre image sur une gestion insatisfaisante ».

« Pour les exploitants qui ont décidé de s’assurer, la gestion du FSN (fonds de solidarité nationale) est relativement peu coûteuse pour les assureurs, car elle sera simultanée à la gestion normale des clients », poursuit Patrick Degiovanni qui évoque des investissements marginaux. De plus, dans le cadre de la délégation de service publique signée avec l’État, une indemnité sera versée à chaque assureur pour la gestion des agriculteurs couverts.

Un groupement d'ici à fin juin

Enfin, parmi les autres sujets en cours, celui de la création d’un groupement d'assureurs - ou "pool" - via lequel les opérateurs souhaitant commercialiser des produits d’assurances récoltes devront obligatoirement adhérer.

Au-delà de la mise en commun des données, ce groupement doit également permettre une meilleure mutualisation des risques entre acteurs et surtout d'établir un tarif technique de référence. « Avec ce tarif, nous pouvons espérer avoir de nouveaux entrants. Notre souhait est qu’il y ait plus d’assureurs apportant de la capacité, note ensuite Patrick Degiovanni. Il y a d’ores et déjà dans l’ensemble des participants un assureur qui ne faisait pas d’assurance récolte », poursuit ce dernier. Il s’agit en effet des Assurances du Crédit Mutuel, dont les velléités autour de ce marché se sont faites connaître lors de la signature de son partenariat de distribution avec Allianz France.

Un comité "ad hoc" créé au sein de France Assureurs se réunit donc tous les 15 jours sur ce sujet. Pour l’heure 4 groupes d’assureurs* ont présenté leur vision du futur groupement avant de confronter mi-mars leurs points de convergence et de divergence. « Notre objectif est d’avoir une position claire et définitive d’ici à fin juin au plus tard. Même si l’État nous a donné 18 mois, les études actuarielle nécessaires pour fixer un tarif de référence prendront une bonne année », ajoute le directeur général adjoint de Pacifica. « En l’absence de décision le gouvernement tranchera, mais nous sommes en route pour trouver une solution ».

Actuel banquier de 85% des agriculteurs français, Crédit Agricole Assurances ambitionne à horizon 2025 de couvrir un quart des exploitants tricolores et 1/3 des exploitants bancarisés du pays.

* [Allianz / Generali / Abeille] [Pacifica / Groupama] [Étoile Assurance] [Suisse Grêle]

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