Assurance vie : "Les assureurs doivent changer de logiciel", selon Agnès Pannier-Runacher
Invitée à s'exprimer devant les adhérents de l'Afer, la secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances, Agnès Pannier-Runacher, a fait le service après-vente de la loi Pacte.
« Nous connaissons un contexte de taux bas qui constitue un défi sans précédent pour l'épargne des Français », a rappelé Agnès Pannier-Runacher en introduction des Assises de l'Afer qui se tenaient lundi 28 octobre.
« J'ai la conviction que les taux d'intérêt vont rester bas à court terme, mais pas seulement. C'est la conséquence directe des décisions prises par la FED et la BCE ». La ministre est ainsi parfaitement consciente que ce nouveau contexte dégrade le rendement des placements des assureurs et accroît le poids de leurs engagements par le jeu de la baisse des taux d'actualisation. En sous-jacent, c'est la solvabilité des compagnies d'assurance qui se retrouve sous pression.
Côté épargnant, « les rendements vont s'éroder progressivement, ce qui implique une transformation de l'assurance vie, a poursuivi la secrétaire d'Etat, et principalement du fonds euros ». Comme Bruno Le Maire quelques jours avant, elle a toutefois souligné que le fonds euros conservait toute sa place dans la proposition d'épargne destinée au Français, car « grâce aux rendements élevés des placements du passé, les assureurs pourront continuer à offrir des rémunérations positives ».
Reste que cela impose une transition vers d'autres formes de placement. « Mais elle ne doit être ni brutale, ni trop rapide », a plaidé Agnès Pannier-Runacher, rappelant que le gouvernement s'était opposé aux amendements au PLF 2019 qui visaient à remettre en cause la fiscalité des fonds euros. « Mais il faut bien comprendre qu'un épargnant qui souhaite des rendements plus élevés devra s'inscrire dans une perspective de plus long terme ».
« Les assureurs vont donc devoir changer de logiciel et diversifier leur offre ». Et c'est là que la loi Pacte entre en jeu. En premier lieu parce qu'elle a ouvert les investissements dans les unités de compte non cotées, jusque-là fermées. Elle impose par ailleurs la mise à disposition d'UC vertes et socialement responsables.
L'autre volet sur lequel mise le gouvernement pour sortir de cet étau est le fonds eurocroissance. Il doit doit être modernisé. « Le nouvel eurocroissance sera plus simple, plus flexible et plus lisible pour les assurés », affirme la secrétaire d'Etat. Le décret destiné à définir ces nouveaux contours devrait être publié à la fin du mois de novembre. Il prévoit notamment le choix du terme de la garantie qui permettra aux compagnies d'ajuster leurs placements parce que l'épargne n'est plus sécurisée à tout moment, mais à terme.
Enfin, la ministre a appuyé sur la réforme du PER comme moyen de se constituer une épargne de long terme et plus dynamique. L'ambition du gouvernement demeure d'arriver à un encours de 300Mds d'euros à la fin du quinquennat, soit une hausse de 50% par rapport à l'encours actuel.
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