Assureurs Japonais : L'incertitude grandit après un exercice 2019 décevant
Dans l’ensemble, la rentabilité des assureurs japonais s’est détériorée au cours de l’exercice 2019, même si les assureurs vie ont produit des résultats globalement en ligne avec nos attentes.
Ainsi, le résultat net des quatre plus grands acteurs de ce segment a diminué de 4% environ en raison d’un moindre volume d’activité mais aussi de pressions sur les marges. Ces éléments ont toutefois été contrebalancés par une nouvelle réduction des taux minimum de rendement garanti sur une partie des polices en portefeuille. Aux environs de 2%, ce taux se situe à présent 50 points de base plus bas que le niveau enregistré en 2012. Ces grands assureurs ont par ailleurs continué à réduire les taux servis aux assurés sur les produits d’épargne et renforcé leurs réserves. Enfin, certains d’entre eux ont émis des dettes subordonnées ce qui a contribué à renforcer leur solvabilité.
Pour leur part, les assureurs non-vie ont sous-performé tel que l’indique la baisse marquée, -14%, du résultat net agrégé des trois plus grandes compagnies présentes sur ce segment. Ceci s’explique moins par l’évolution défavorable de la sinistralité, notamment relative aux catastrophes naturelles, que par une moindre réalisation de plus-values latentes par rapport à l’année précédente. Par ailleurs, leurs activités internationales ont été moins rentables. Enfin, ces assureurs ont continué à distribuer des dividendes significatifs, les empêchant ainsi de renforcer leur solvabilité de manière significative.
Pour l’exercice 2020, nous attendons une poursuite de cette détérioration, notamment en raison de l’impact de la crise liée au COVID-19 sur les marchés financiers qui devrait logiquement affecter en particulier le secteur vie. En effet, la rentabilité de celui-ci est liée au niveau des taux d’intérêt ainsi qu’au rendement des investissements financiers en général et dans les deux cas, la tendance est à la baisse. Enfin, l’économie japonaise dans son ensemble devrait se contracter d’environ 5% en 2020, ce qui ne manquera pas d’impacter défavorablement le volume d’activité des assureurs. Selon nous, ce devrait être particulièrement le cas pour les polices couvrant les entreprises de petite et moyenne taille. Enfin, les tarifs pratiqués par les réassureurs devraient augmenter de manière significative en réponse aux catastrophes naturelles intervenues successivement en 2018 et 2019. Ceci devrait avoir un impact non négligeable sur la rentabilité attendue du secteur non-vie.
Marc-Philippe Juilliard, Directeur, S&P Global Ratings
À voir aussi
Assurance vie : Perspectives et défis à venir en Chine
Chronique : Satisfaire les assurés devient coûteux pour les assureurs-vie français