Axa Equitable Holdings, la filiale américaine de l'assureur français Axa, a fait une entrée modeste jeudi à la Bourse de New York dans un marché réservé face au secteur de l'assurance.
Echangée sous le symbole EQH, son action a effectué ses premiers pas sur le New York Stock Exchange dans le rouge avant de finalement terminer en hausse de 1,70% à 20,34 dollars. Mais l'assureur avait revu mercredi soir ses ambitions à la baisse en fixant le prix de son introduction en Bourse bien en-dessous de la fourchette prévue fin avril (24 à 27 dollars), à 20 dollars. Un niveau valorisant sa filiale américaine à 11,2 milliards de dollars.
Comme de coutume lors d'une importante arrivée à Wall Street, les dirigeants de la filiale y ont sonné la cloche marquant l'ouverture de la séance. Une grande bannière aux couleurs bleues, blanches et rouges de l'assureur avait été pour l'occasion accrochée au fronton du New York Stock Exchange, bâtiment symbolique de Wall Street.
Sur le plateau de la chaîne d'informations financières CNBC, installé au milieu des courtiers, le directeur général de la filiale d'Axa Mark Pearson a relativisé l'accueil mitigé des investisseurs. "Le prix initial est affecté par le marché et le sentiment envers le secteur", a-t-il souligné. Les sociétés spécialisées dans les assurances-vie pâtissent en effet depuis plusieurs années du bas niveau des taux d'intérêt, qui abaissent les rendements sur leurs placements. "Mais on est là pour du long terme, c'est notre métier, et je suis sûr que la valeur (de l'entreprise) sera reconnue au fil du temps", a-t-il ajouté. Selon le cabinet d'analyse Dealogic, 20 entreprises du secteur de l'assurance sont entrées en Bourse aux Etats-Unis depuis 2010. Le prix d'introduction de la moitié d'entre elles était inférieur aux attentes initiales.
Autre signe de défiance: les actions d'autres géants de l'assurance ont baissé depuis le début de l'année, AIG perdant par example 11%, Prudential Financial 12% et MetLife 7%.
L'argent levé par Axa dans cette opération doit financer en partie le rachat, pour plus de 12 milliards d'euros, du groupe XL, une société spécialisée dans l'assurance aux entreprises et basée aux Bermudes. Les marchés avaient fraîchement accueilli l'annonce début mars de cette lourde acquisition, faisant alors chuter le titre de la maison mère à la Bourse de Paris. Jeudi, l'action y a terminé en petite hausse, de 0,13% à 22,37 euros.
La direction du groupe, sous la houlette de son patron Thomas Buberl, avait dû monter au créneau lors de l'assemblée générale des actionnaires fin avril pour défendre la pertinence de cette opération, certains s'interrogeant sur le montant élevé du rachat, d'autres sur le calendrier ou sur le financement de l'opération. Les analystes de Jefferies faisaient d'ailleurs remarquer dans une note jeudi que l'entreprise ayant récupéré moins d'argent que prévu à Wall Street, elle devra, pour payer le rachat de XL, "trouver une source alternative de financement pour 300 à 600 millions d'euros".
La prise de contrôle de XL s'inscrit pourtant dans le repositionnement stratégique du deuxième assureur européen. Axa veut en effet - dans le contexte de taux bas peu favorables aux produits d'épargne - réduire la part de ses activités en assurance-vie, épargne et retraite, et muscler certains métiers porteurs comme l'assurance santé et les couvertures dommages pour les entreprises. Concernant ses activités existantes aux Etats-Unis, le groupe a d'ores et déjà évoqué d'éventuelles cessions à la suite de son introduction en Bourse.
La filiale qui a fait son entrée à Wall Street jeudi est composée d'AXA Equitable Life et d'une participation majoritaire dans la société de gestion d'investissement AllianceBernstein. Elle compte environ 12.200 employés et conseillers et gérait fin 2017 670 milliards de dollars d'actifs. Même si l'argent récupéré dans cette opération est inférieur au montant sur lequel avait misé le groupe, il s'agit de la plus importante introduction en Bourse de l'année sur la place new-yorkaise.
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