Benoit Salembier :"Rendre l'outil Acturis opérationnel pour les courtiers dès septembre"

INTERVIEW - Benoit Salembier, président d’Acturis France et président d’Add Value Assurances, revient sur le lancement de la filiale du groupe britannique dans l'Hexagone et sur ses perspectives de développement. Il fait également le point sur l'activité de sa place de courtage et ses projets de croissance. 

Vous venez d’officialiser le lancement d’Acturis France. Pouvez-vous nous dire qui est Acturis et revenir sur la genèse de ce projet ?

Le groupe britannique Acturis a été créé il y a 20 ans par David McDonald et Theo Duchen, deux ex-responsables assurance au sein de McKinsey & Company. A l’époque, le marché britannique du courtage avait d’importants besoins de digitalisation, ce qui les a poussés à créer une plateforme dédiée en SaaS pour les courtiers en assurance. Cette plateforme, qui va du CRM à la comptabilité, équipe désormais entre 50 et 60% des courtiers anglais en assurance professionnelle. Ils ont ensuite été sollicités par les compagnies d’assurances qui souhaitaient elles aussi digitaliser leurs process. Acturis équipe aujourd’hui plus de 50% des assureurs britanniques sur le bas de segment des risques d'entreprise.

Cette position les a poussés à développer une nouvelle offre il y a quelques années permettant de se substituer aux extranets compagnies en intégrant les moteurs de tarification des assureurs. Il s’agissait de la création de la première place de courtage dans laquelle le courtier peut saisir sa demande de cotation, avoir en temps réel les tarifs des assureurs et digitaliser l’intégralité du processus de souscription. Désormais, le groupe pèse 120M d’euros de chiffre d’affaires et génère via ses outils 12Mds d’euros de primes rien qu’au Royaume-Uni, soit près de 40% des primes du marché.

Déployé dans plus de 40 pays, Acturis a ensuite décidé de développer des entités locales dédiées à l'internationale. Le groupe est présent au Danemark et en Allemagne où il pèse plus de 50% de part de marché. En 2019, le groupe s’est également implanté au Canada où il adresse déjà 30% du marché, avant de venir s’établir en France.

Pourquoi Acturis s’est-il rapproché d’Add Value Assurances ?

Pour s’implanter en France, marché à la distribution très spécifique, le groupe a décidé de racheter Add Value Assurances et de créer l’entité locale Acturis France. Le rachat d’Add Value Assurances vise à accélérer l’adaptation de la plateforme Acturis aux besoins du marché français tout en boostant le développement de sa place de courtage auprès des courtiers et assureurs français.

Acturis France est le partenaire d’Add Value Assurances en tant qu’éditeur et intégrateur de la solution Acturis, mais l’est aussi pour d’autres opérateurs du marché, tant courtiers qu’assureurs. Ce sont bien deux entités distinctes, évitant ainsi tout conflit d’intérêts.

L’arrivée récente de Dominique Guichard comme nouveau directeur du développement pose les jalons de la nouvelle équipe d’Acturis en France. Avec cette équipe franco-française, bénéficiant des ressources mutualisées du groupe, notre objectif est de mettre en production les premières intégrations de l’outil Acturis dans les cabinets de courtage tricolores dès le mois de septembre prochain. Les intermédiaires pourront ainsi bénéficier d’une gestion complète de leur business via la plateforme Acturis : du CRM à la comptabilité en passant par la gestion du portefeuille, la souscription, les encaissements, les délégations des compagnies et par la même occasion le contrôle et la conformité de ces mêmes délégataires.

Nous allons également développer les synergies avec Add Value Assurances.

A côté de notre réseau de distribution « courtage », nous souhaitons également développer l’activité « affinitaire » dédiée aux groupements et aux fédérations professionnelles, pour lesquels nous sommes capables d’apporter une offre de services, clé en main ainsi que les partenariats tels que celui déjà en production avec un bancassureur de premier plan.

Justement, du côté d’Add Value Assurances, comment s’est passée votre année ?

La Covid a impacté notre volume d’affaires nouvelles qui s’établit en dessous des 10M d’euros pour 2020. Le taux de renouvèlement a lui été anormalement élevé sous l’effet des aides de l’Etat. Mais l'arrivée d’Acturis au capital fin 2019 nous a permis de nous concentrer à 100% sur notre plan d’investissement et de migration d’Add Value Assurances et ses 28 délégations des compagnies sans encombre.

Depuis 6 ans, nous enregistrons une croissance annuelle moyenne de 89% de notre chiffre d’affaires. C’est en moyenne 500 nouveaux courtiers qui nous rejoignent tous les ans pour un total de 3.500 courtiers actifs.

Quelle est la suite pour la place de courtage ?

Nous sommes en plein ordre de marche depuis septembre dernier et nous avons renouvelé l’ensemble de nos porteurs de risques en décembre 2020. Nous sommes désormais en discussions avec de nouveaux assureurs pour nous positionner dans les deux prochaines années sur de nouveaux risques – comme le risque annulation, les flottes auto, la RC décennale, la Dommages-ouvrage et TRC, la RC Générale - et ainsi avoir un panel complet pour nos clients. In fine, nous souhaitons nous limiter à trois ou quatre assureurs de premier plan maximum par garantie et par appétit de souscription.

Nous sommes également coverholder aux Lloyd’s. Si le marché se durcit comme en fin d’année dernière en France avec des risques difficiles à placer auprès d’assureurs traditionnels, il peut être pertinent de faire appel au marché londonien qui possède de grandes capacités.

En parallèle, nous souhaitons ainsi doubler nos 3.500 apporteurs actifs dans les deux ans car nous pensons que c’est un objectif réaliste.

Envisagez-vous de futures acquisitions ?

Nous disposons aujourd’hui de l’ensemble des outils les plus pertinents du marché. La croissance externe pourrait faire du sens sur le modèle d’Add Value Assurances, non pas pour gagner en chiffre d’affaires, mais plutôt par opportunité pour compléter notre savoir-faire d’un point de vue offre produit et/ou services.

Nous n’avons pas vocation à devenir propriétaire des intermédiaires qui composent notre réseau de distribution. Nous préférons laisser à notre réseau une pleine indépendance qui le rend plus dynamique commercialement. Nous allons poursuivre le développement et la fidélisation de notre réseau d’intermédiaires avec notre offre de services et les gains d’efficacité que notre modèle leur apporte par rapport à un mode de fonctionnement traditionnel.