Brigitte Bouquot : « Les évolutions tarifaires obligent les risk managers à être plus créatifs »
A quelques jours de l'ouverture des 27èmes rencontres de l'Amrae à Deauville, Brigitte Bouquot, présidente de l'association management des risques et des assurances de l'entreprise, fait le point sur les grands enjeux qui attendent les risk managers ces prochains mois.
Quel bilan tirez-vous de l’exercice 2018 pour l’association ?
à l’occasion de notre assemblée générale 2018, nous avons renouvelé notre gouvernance dans une logique plus agile, plus resserrée. Nous souhaitons nous assurer de la cohérence de l’ensemble de nos travaux / ouvrages / évènements afin qu’ils collent aux problématiques du moment. Dans l’écosystème de la gouvernance des entreprises, le sujet « risques » prend de plus en plus d’importance, notamment au sein des conseils d’administration. En parallèle, le monde de l’assurance et du courtage est lui aussi en perpétuel mouvement. Par conséquent, nous devons être encore plus réactifs et intégrer tout cela dans notre stratégie.
De plus, face à la montée en compétence des risk managers et l’apparition de nouveaux risques (cyber, PE sans dommages, etc.), l’Amrae doit pouvoir marcher sur ses « deux jambes », que sont la connaissance du métier et la compréhension des sujets de marché.
Justement, quel est votre regard sur l’évolution du marché ?
Le marché fait face à de nombreux chocs qui posent question sur l’évolution des parts assurables du risque pour les compagnies et courtiers. Entre la hausse des catastrophes naturelles ou l’apparition de sinistres de plus en plus immatériels, nous nous efforçons de faire coller nos publications à ces thématiques.
Pour aider les petites et moyennes entreprises, nous venons par exemple de sortir, en association avec le Medef des Deux-Sèvres, un outil d’auto-diagnostic de leurs risques. Ensuite, l’Amrae et l’Anssi (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information) annonceront lors des rencontres de février à Deauville, un cadre de référence sur le risque cyber afin de promouvoir les standards accessibles, qui combinent normes du régulateur et méthodes de risk management.
Enfin, nous ouvrons d’autres chantiers comme la transformation digitale de l’association ou la promotion des jeunes risk managers pour faire connaître d’avantage la profession et montrer notre valeur ajoutée aux partenaires du marché.
La fin des baisses tarifaires annoncées vont-elles impacter les risk managers au sein de leurs entreprises ?
Je pense que cela va attirer l’attention sur le rôle des risk managers, mais aussi susciter des pressions pour renforcer la logique d’achat d’assurance via les processus d’appels d’offres. Les entreprises se retrouvent elles aussi dans des environnements complexes et sont davantage tentées de raisonner en termes de prix. Mais ces évolutions tarifaires obligent aussi les risk managers à être plus créatifs en amont dans leur stratégie de transferts de risques, en innovant, en mettant en avant leur connaissance de la matière.
C’est une opportunité qu’ils doivent saisir pour montrer qu’ils sont capables de trouver de nouveaux équilibres avec des couvertures d’assurances de qualité face à des scénarios inédits. Entre le Brexit, Solvabilité 2, l’instabilité des monnaies ou les risques de sanctions des régulateurs, piloter un schéma d’assurance est devenu complexe.L’assurance est-elle considérée comme un poste trop coûteux au sein des entreprises ?
Les budgets des entreprises sont sous la contrainte de la compétitivité et, chaque année, ces points de résultats qui partent aux assureurs sont challengés. Ce sont par conséquent des arbitrages de plus en plus complexes pour les risk managers.
Je pense qu’il faut que les responsabilités soient clairement partagées entre les RM et les dirigeants pour protéger le bilan des entreprises. Il y a donc tout un travail d’éducation à porter au sein des comités de direction pour que les scénarios des risques soient endossés et validés par l’ensemble des pouvoirs opérationnels : Faut-il acheter plus de capacités ? Faut-il financer du risque au bilan, par une captive ou le transférer ? Toutes ces questions sont souvent arbitrées par les fonctions financières et le RM a évidemment toute sa place auprès d’eux pour statuer sur ces sujets.
Le rapprochement d'Axa et d'XL réduit-il les marges de manœuvre pour les RM ?
Il y a un risque de perte de flexibilité avec des capacités combinées pouvant faire ressortir des cumuls qui n'existaient pas avant. Cependant, pour des entreprises globales, il est appréciable d'avoir des porteurs de risques globaux, à même de les accompagner sur différents programmes internationaux. Le marché a besoin de grands assureurs capables d'appréhender les problématiques des grands comptes, mais aussi de petites capacités de niche, agiles, pour des problématiques plus pointues ou des assurés plus modestes.
Comment abordez-vous les prochaines Rencontres ?
Sous le thème de la transformation, la préparation de ces Rencontres 2019 bénéficie de tout le travail des années précédentes. Par nature les entreprises s se transforment en croissant ; dans monde rendu plus complexe du fait de la globalisation. Ajoutez à cela, la transition énergétique/climatiques, la remise en cause digitale et la crise de confiance que traverse nombre de pays : les couches de challenges s'empilent.
Mais dans ce contexte, les entreprises demeurent des vecteurs de transformation face aux états et les Risk Managers sont au centre du sujet. Ils ont le rôle de sécuriser les stratégies et les trajectoires plus subtiles de leurs groupes, ils sont désormais dans un pilotage de l'entreprise très actif.
Pour coller à ces problématiques nous avons décidé de veiller encore d’avantage dans ces Rencontres au partage en professionnels et à la formation. Sachant que pour garder le lien entre les plénières, la formation et l'expérience de chacun de nos intervenants, nous préparons minutieusement chaque étape, toujours sans externaliser. Cette édition 2019 devrait donc de nouveau être un succès, puisqu'à date, il y a déjà plus d'inscrits que l'année précédente à la même période.
À voir aussi
Grands risques : Julien Monegier du Sorbier évolue chez Zurich France
Grands risques : Renouvellements 2025 disparates (WTW France)
Grands risques : Verlingue renforce (encore) sa présence au Lloyd’s
Bessé : Paul Jousse et François-Xavier Léoni nommés directeurs