Bulle start-up : que vaut vraiment une jeune pousse ?

vendredi 30 novembre 2018
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Les levées de fonds des start-up ne permettent pas de déterminer leur création de valeur. Trouver des clients est devenu plus difficile que trouver des actionnaires.

La peur de l’uberisation pourrait conduire les assureurs à prendre des participations majoritaires dans des insurtech dans le but d’en prendre le contrôle. Or, l’objectif des start-up n’est pas souvent de remplacer les assureurs, mais de leur apporter des services en B to B. Par exemple, le groupe Vyv a acquis la société de télémédecine Mes Docteurs, tout en permettant à la jeune entreprise d’offrir ses services à d’autres acteurs de l’assurance.

Face à de nouveaux besoins, il y a quelques années, les entreprises étaient confrontés au dilemme de make or buy : soit elles développaient en interne la solution soit elles l’achetaient sur le marché. Aujourd’hui, une nouvelle option est apparue : make, buy or invest. Les investissements dans les entreprises innovantes se sont fortement accélérés en France depuis 2014 suite à l’introduction de certains avantages fiscaux.

De plus en plus d’assureurs décident de créer leurs propres fonds, comme Axa (Kamet, Axa Strategic Ventures), CNP Assurances (Open CNP), Malakoff Médéric (MM Innov), ou AG2R La Mondiale (ALM Innovation).

« Les start-up ont plus besoin de clients que d’investisseurs. Actuellement, il y a tellement de fonds que cela empêche la sélection naturelle. Lever de l’argent est extrêmement facile. Par contre, trouver des clients et déployer un service au sein d’une société est beaucoup plus compliqué », affirme Joël Bassani, expert en innovation dans l’assurance.

Aujourd’hui, les start-up sont classées d’après les levées de fonds. Or, l’injection massive de capital n’est en aucun cas une preuve de création de valeur. Le risque pour les start-up est de créer des emplois non durables et de maintenir en vie, sous perfusion d’une levée de fonds, une entreprise sans débouchés. Pour l’investisseur, le principal risque est la perte financière.

« J’invite les entreprises à s’interroger sur leurs besoins. La plupart de relations se font parce qu’une start-up arrive avec une solution innovante, mais qui ne répond pas à un besoin préalablement identifié et qui n’est pas forcément la meilleure solution existante sur le marché », insiste Joël Bassani.

Transformer l’essai

Les relations entre les assureurs et les start-up se sont intensifiées récemment. Il y a quelques années, il fallait passer par l’étape du POC (proof of concept), une période d’essai qui consommait beaucoup d’énergie mais qui n’allait souvent plus loin. « Maintenant, les start-up sont plus frileuses. Elles veulent déployer et faire un test grandeur nature avec une partie du portefeuille », explique Joël Bassani. Le POC a laissé la place au MVP (minimum viable product), un prototype.

Les start-up qui ont le vent en poupe dans le secteur de l’assurance sont celles qui aident les entreprises à se transformer. En assurance de personnes, certains services qui peuvent s’intégrer en plug en play dans la chaîne de valeur comme Deuxiemeavis.fr ont permis à certains acteurs de remporter des appels d’offres en santé collective. Sur ce marché, les assureurs ne se battent pas sur la structure du produit mais sur les services associés, parfois confiés à des start-up.

Dans l’avenir, les start-ups pourraient prendre en charge une partie de la chaîne de valeur. D’autres prévoient que l’assurance s’intègre dans une plateforme de services, en mode marketplace, comme c’est déjà le cas d’Ant Financial ou de Zhong An en Chine.

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