Malgré une fréquence élevée d’événements climatiques de grande ampleur en 2017, les réassureurs disposent toujours de capacités significatives. Mais pour combien de temps ?
Selon Aon Benfield, les pertes économiques dues aux catastrophes naturelles ont atteint 353 milliards de dollars (302 milliards d’euros) à l’échelle mondiale en 2017. 330 événements ont été dénombrés, mais les dégâts principaux sont imputables aux ouragans Harvey, Irma, Maria, Hato et Debbie ayant touché les états-Unis, les Caraïbes, la Chine et l’Australie. Sans oublier les feux de forêt en Californie (13 milliards de dollars de dommages économiques), un glissement de terrain en Sierra Leone, des inondations en Chine (12 milliards de dollars de dégâts), la sécheresse et les orages en Europe, ou encore les séismes au Mexique.
Pour autant, les réassureurs disposaient encore à la fin du premier trimestre 2018 de 610 milliards de dollars de capitaux disponibles selon Aon. « Après les événements naturels de 2017, très lourds en termes de sinistres, nous constatons une résilience absolue des réassureurs : en effet, les capacités déployées après ces catastrophes tout comme le niveau des tarifs se sont maintenus », confirme Catherine Bourland directrice générale, de la branche réassurance d’Aon France.
Le contexte financier a soutenu les réassureurs, qui rétrocèdent de plus en plus de risques aux marchés : « Dans un contexte de taux bas, les investisseurs disposent de nouvelles capacités à déployer sur le marché européen et américain », assure Michel Elbilia, responsable de marché réassurance chez Covéa. L’effet de change a aussi joué en faveur des réassureurs en 2017 : en effet, pour les réassureurs européens, la faiblesse du dollar face à l’euro ou à la livre leur a permis de réduire leurs expositions relatives, souvent détenues en monnaie locale.
Au final, même sur les zones géographiques sensibles, les capacités des réassureurs sont encore au rendez-vous. Tout est question de prix… « On peut trouver des capacités sur des zones sensibles, mais à des prix parfois prohibitifs. Sur la zone Caraïbes, cela devient difficile et les tarifs ont augmenté d’au moins 30% sur les Etats-Unis et le Japon », atteste Joël Delplace, directeur adjoint de Verspieren Global Markets. Avant d’ajouter : « Les cédantes trouvent toujours preneurs de leurs risques, mais la capacité se raréfie. D’ailleurs, les réassureurs ont de plus en plus recours à la rétrocession pour optimiser leurs capacités tout en cherchant à les faire payer au meilleur prix aux cédantes ».
Diversifier et rétrocéder
Les réassureurs peuvent-ils alors encaisser plusieurs années consécutives avec une sinistralité record ? S&P Global Ratings estime d’abord que la moitié des 20 premiers réassureurs sont plus exposés au risque cat nat en 2018 qu’en 2017, malgré des réserves de capitaux solides. Pour l’agence, une répétition du scénario de 2017 fragiliserait le marché et des notations négatives pourraient alors intervenir pour les sociétés de réassurance considérées comme surexposées.
Pour éviter cela, les réassureurs diversifient toujours leurs expositions, nouent des partenariats avec des acteurs locaux sur les zones géographiques les plus risquées et/ou rétrocèdent une partie de leurs risques aux marchés financiers.
Car ils ne peuvent pas miser sur une hausse brutale des tarifs : « à l’avenir, il y aura probablement moins de cycles de fortes baisses ou de fortes hausses. S’il ne se produit pas d’évènement majeur d’ici la fin de l’année, les tendances tarifaires ne seront certainement pas à la hausse pour les renouvellements 2019, compte tenu à la fois des capacités disponibles et du niveau actuel des prix. Les mérites propres de chaque dossier comme la spécificité de chaque relation cédante-réassureur resteront des éléments clés dans les négociations », conclut Pierre Lacoste, directeur réassurance de Groupama.
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