La Chine va renflouer son troisième assureur, Anbang, à hauteur de 60,8 milliards de yuans (7,9 milliards d'euros), a annoncé mercredi le groupe repris directement en mains par Pékin au nom de la lutte contre les risques financiers.
Cette injection de capital visera à "renforcer la gestion des risques, à assurer la liquidité et à maintenir la stabilité des activités" d'Anbang, a expliqué l'assureur dans un communiqué publié sur son site internet. L'opération a été approuvée par la Commission de supervision des banques et assurances. L'investissement doit provenir du Fonds chinois de garantie des assurances, un organisme "non-gouvernemental" selon le communiqué, qui détiendra la quasi-totalité du capital nominatif, dont le montant total atteindra 61,9 milliards de yuans.
Le Fonds de garantie cédera ensuite progressivement ces titres à Anbang "conformément à la transition stratégique de la compagnie, afin de maintenir son statut d'entreprise privée", promet le communiqué. La Commission de régulation des assurances avait annoncé le 23 février que le groupe emblématique de la frénésie chinoise d'investissements à l'étranger passait directement sous la tutelle de l'Etat, suite à la découverte de "pratiques commerciales illégales" qui ont "gravement mis en danger la solvabilité de l'entreprise".
Les autorités avaient pris soin à l'époque de souligner que la mise sous tutelle de l'assureur ne s'accompagnait pas d'une nationalisation du capital. "Dans un proche avenir", Anbang va "commencer à choisir des actionnaires stratégiques" afin de restructurer son capital, recherchant en particulier des investisseurs privés, selon le communiqué. Le fondateur de la compagnie d'assurance, Wu Xiaohui, est accusé d'avoir orchestré une fraude de 8 milliards d'euros. Son procès s'est ouvert la semaine dernière à Shanghai.
La reprise en mains du troisième assureur chinois a fait l'effet d'un coup de semonce, à l'heure où Pékin resserre l'étau sur les conglomérats privés, fustigés pour leurs "achats irrationnels" à l'étranger et leur endettement. Anbang a gonflé dangereusement ses ventes de produits de placement, dépassant de 93 milliards d'euros les plafonds autorisés par le régulateur, a précisé le tribunal qui juge M. Wu.
Conglomérat tentaculaire, Anbang se distinguait par sa frénésie d'acquisitions tous azimuts à l'international, avec comme coup d'éclat le rachat en 2014 du mythique palace new-yorkais Waldorf Astoria pour 1,95 milliard de dollars.
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