Chronique / Assurance vie : La gestion coussin, ou comment réinventer le fonds en euros
Eric Leroux, journaliste spécialisé sur les sujets d’épargne et d’assurance-vie revient cette semaine sur une nouveauté des fonds en euro…
Dans le concert de baisse de rendement des fonds euros d’assurance vie, qui ont atteint 3,2 à 3,3 % en moyenne l’an dernier, il existe une toute petite voix discordante : celle des fonds à gestion « coussin » ou « tiltée », selon les terminologies employées.
Avec des rendements de plus de 5 % en 2010 et de 6 % en 2009, les fonds euros à gestion coussin détonnent dans ce paysage déprimé et permettent d’entrevoir un nouvel avenir pour ces fonds garanti.
Initié par AG2R La Mondiale et repris par Antin Epargne Pension et Spirica (ex Axéria), ce mécanisme de fonds en euros de nouvelle génération repose sur une technique originale : en début d’année, l’assureur affecte 20 à 30 % de son fonds en euros à des Opcvm en actions. Ce « moteur de performance » est géré selon la méthode de l’assurance de portefeuille, c’est-à-dire que les ventes sont automatiquement déclenchées si une perte de valeur est constatée.
Dans ce cas, le capital est sécurisé dans le fonds en euros traditionnel et susceptible de ne quasiment rien rapporter. Ce fut le cas en 2008 chez AG2R La Mondiale, avec 0,6 % de progression. Mais toute baisse est exclue pour l’assuré.
Rémunérations plus élevées pour les assurés et les assureurs ?
Lorsque les marchés boursiers progressent, cette part de diversification est conservée jusqu’à la fin de l’année, puis soldée. Les gains ainsi dégagés s’ajoutent au rendement du compartiment traditionnel en euros et bénéficient de l’effet de cliquet.
Il s’agit donc d’une formule très séduisante pour les investisseurs, qui bénéficient de la sécurité et de la simplicité, tout en ayant un potentiel de revalorisation bien plus important. Une solution idéale à la baisse des rendements, à condition d’accepter de ne rien gagner certaines années.
C’est aussi pour les assureurs une bonne façon de faire leur métier : porter des risques, en échange de rémunérations plus élevées. En effet, qui dit plus de rémunération dit plus de frais de gestion pour la compagnie, puisqu’ils sont proportionnels aux capitaux gérés.
C’est une technique à laquelle s’intéressent de près de plus en plus d’assureurs à la recherche d’un successeur à leur fonds en euros. Mais l’importance des fonds propres à mobiliser semble en refroidir plus d’un, surtout dans la perspective de Solvabilité II qui pénalise la détention d’actions. La gestion coussin a donc de fortes chances de rester un marché de niche... et de riche.
Crédit Photo : 1suissech-Flickr
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