Outre le lourd bilan humain, l’impact significatif de la rapide propagation du COVID-19 sur l’économie mondiale s’amplifie de jour en jour. Toutefois, S&P Global Ratings attend des conséquences limitées pour le secteur de l’assurance solidement capitalisé et relativement peu exposé aux secteurs d'activité affectés par les pertes.
Ceci devrait permettre à la plupart des assureurs d'absorber l'impact de la volatilité des marchés financiers et de gérer l'augmentation marginale des sinistres liés à cette pandémie.
Le taux d'infection s'accélère à l'échelle mondiale et l’épicentre de la pandémie s'est déplacé de la Chine vers l'Europe et maintenant les États-Unis. De ce fait, nous prévoyons une récession pour l'économie mondiale en 2020 car le bouleversement économique engendré par la pandémie, combiné à l'effondrement des prix du pétrole, ainsi que l'extrême volatilité sur les marchés de capitaux qui en résulte auront de graves répercussions sur les marchés mondiaux du crédit.
Il est toutefois important de garder à l’esprit que la note moyenne pour le secteur de l’assurance est « A ». C’est la note moyenne la plus élevée pour l’ensemble des secteurs qu’ils soient industriels, des services ou financiers que nous notons. Comme pour l’ensemble des émetteurs de la catégorie dire « d’investment », nous ne prévoyons pas de dégradation généralisée pour l'ensemble du secteur. Néanmoins, certaines notes devraient être affectées.
À ce jour, nous avons abaissé la note d’un assureur et avons revu à la baisse les perspectives pour deux autres. Pour chacun de ces trois cas, les conséquences du COVID-19 ont exacerbé des faiblesses préexistantes, entraînant une détérioration de la solvabilité.
Les sociétés d'assurance-vie sont les plus exposées
Nous considérons que les sociétés d'assurance-vie sont plus exposées à des mouvements de notations négatifs dus à la pandémie comparée aux acteurs non-vie, car elles sont plus exposées au risque des marchés financiers.
Le secteur de l'assurance-vie en Asie-Pacifique est le plus touché à ce jour, notamment par les turbulences sur les marchés financiers qui s'intensifient. Dans ce contexte de de récession, nous prévoyons que les assureurs de la région verront leurs fonds propres se contracter et leur rentabilité diminuer en 2020 et 2021. Par conséquent, nous avons révisé à la baisse les perspectives du secteur de la vie en Asie-Pacifique.
A l’inverse, nous avons conservé des perspectives stables sur le secteur de l'assurance-vie des régions EMEA et Amérique du Nord. Les notations des assureurs-vie de ces zones bénéficient de solides niveaux de capitalisation qui devraient leur permettre d'absorber la volatilité des marchés financiers. Dans de nombreux pays de la zone EMEA, les assureurs-vie peuvent partager les pertes d'investissement avec leurs assurés. Ceci est également le cas en Amérique du Nord où nous avons assisté cette dernière décennie à une évolution vers le partage des risques entre assureurs et assurés dans les produits d’assurance.
La diminution des taux d'intérêt à long terme est identifiée comme étant le risque clé pour les assureurs-vie en zone EMEA. Toutefois, les taux bas sont une hypothèse déjà reflétée dans les notations actuelles.
Nous maintenons également des perspectives stables pour les secteurs régionaux de l’assurance non-vie et de la réassurance, car ils présentent tous deux des positions de fonds propres solides et des allocations d'actifs plus prudentes, en moyenne moins exposées à la volatilité des marchés financiers.
S&P Global Ratings reconnaît un degré élevé d'incertitude concernant le taux de propagation et le pic de l'épidémie de coronavirus. À mesure que la situation évolue, nous mettrons à jour nos hypothèses et estimations en conséquence.
Olivier Karusisi Directeur délégué S&P Global Ratings
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