Complémentaire santé : Vers la fin d’un modèle selon Actélior

mercredi 13 septembre 2023
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Actélior estime que les prestations des organismes complémentaires vont augmenter de 8% en 2024. Face à cette dérive, des opérateurs introduisent des carences, baissent les prestations et lancent des contrats non responsables.

Le coût de la complémentaire santé continuera d’augmenter en 2024. Selon les projections du cabinet d’actuariat Actélior, les prestations vont évoluer de 7 à 8%. En assurance individuelle, l’évolution sera de l’ordre de 7,5%, tandis que pour l’assurance collective, les premiers effets de la réforme des retraites se traduiront par un impact supplémentaire de 0,5%, toujours d’après les modèles du cabinet d’actuariat. Ces évolutions attendues pour 2024 s’ajoutent à des augmentations considérables de 2023, de l’ordre de 6 à 7%.

Dans le détail, le transfert de 500 millions d’euros de dépenses dentaires de l’assurance maladie obligatoire vers les complémentaires représente une augmentation de 1,6% sur les remboursements versés par les OCAM. Par ailleurs, la revalorisation de 1,5 euro sur le tarif des consultations prévue dans le règlement arbitral aura un impact compris entre 0,3% et 0,5%, d’après le cabinet d’Actuariat. Puis, les négociations conventionnelles avec les kinésithérapeutes, les dentistes, les paramédicaux, les pharmaciens et les sages-femmes se traduiront par une évolution de 1% à 2% sur les dépenses des OCAM.

En plus de ces mesures règlementaires, l’inflation conduira à une augmentation de 4% sur les prestations des contrats santé en 2024, après avoir eu un impact de 5,3% en 2023.

Que faire face à la dérive des prestations ?

Que peuvent faire les complémentaires face à la dérive des prestations mis à part augmenter les tarifs ? « La Sécurité sociale a une vision comptable des dépenses de santé. Cela amène à un désengagement alors que par ailleurs les négociations conventionnelles conduisent à des charges supplémentaires. Les OCAM sont mis devant le fait accompli et sont la variable d’ajustement. Les assureurs perdent de l’argent sur le plan technique et ont des difficultés pour redresser les contrats. Par ailleurs, plus le contrat est cher, plus les assurés sont dans une attitude de consommation », constate David Echevin, directeur associé d’Actélior.

Vers de fortes indexations

La stratégie d’indexation tarifaire des grands acteurs influencera celle des petits. Quand les grands comme Axa ou Malakoff Humanis annoncent des taux directeurs compris entre 6 et 10%, cela ouvre la porte à de fortes indexations tarifaires pour les autres. « Mais où est-ce que cela va s’arrêter ? A chaque fois qu’il y a une revalorisation tarifaire, une frange de la population n’y a pas droit et s’oriente vers le renoncement aux soins », signale Elodie Paget, associée d'Actélior.

Le modèle de la complémentaire santé est donc « mis à rude épreuve », selon le cabinet d'actuariat qui a organisé un afterwork le 12 septembre sur la question. Après la mise en place du contrat responsable qui a uniformisé les contrats et de la réforme du 100% santé qui a nivelé les garanties par le haut, un autre modèle est à inventer.

Vers une baisse des garanties

« Une tranche de la population a de plus en plus de mal à se couvrir, notamment les retraités modestes. Nous sommes interrogés par des courtiers qui organisent des appels d’offres pour le lancement de contrats individuels non responsables afin d’avoir une maîtrise de la dépense. Nous pensons que demain il y aura une couverture à trois vitesses : une offre non responsable abordable et bas de gamme, une offre responsable pour le plus grand nombre, puis une offre non responsable haut de gamme pour des gens aisées qui ne souhaitent pas avoir des plafonds de remboursement », présage Elodie Paget.

L'actuaire évoque par ailleurs une éventuelle baisse des garanties et le retour dans les contrats de périodes de carence de 3 à 6 mois sur des forfaits dentaires. « En cette période d’inflation, quand vous allez au restaurant, vous en avez moins dans votre assiette. En complémentaire santé, c’est la même chose », illustre Elodie Paget.

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