INFOGRAPHIES – Les contrats de complémentaire santé des mutuelles vont augmenter de 8,1% en 2024, d’après une étude de la Mutualité Française. Eric Chenut fait preuve de pédagogie et joue la carte de la transparence.
Cette année, la Mutualité Française a partagé les évolutions moyennes de cotisation plus tôt que d’habitude. Et pour cause, les inquiétudes du ministre Aurélien Rousseau ont accéléré le calendrier de la fédération mutualiste.
La Mutualité Française a collecté les évolutions tarifaires de 38 mutuelles représentant 18,7 millions d’assurés. En moyenne, leurs contrats de complémentaire santé vont augmenter de 8,1% en 2024. C’est une augmentation inédite, comparée à celle de l’année dernière (4,7%) et de 2022 (3,4%).
Pas de quoi rassurer le ministre Aurélien Rousseau qui a déclaré début décembre dans un entretien sur France 3 que des évolutions de 8% étaient "intenables".
Dans le détail, la revalorisation est plus forte pour les contrats collectifs obligatoires. Ils vont coûter 9,9% plus cher en 2024. Les contrats individuels vont augmenter de 7,3%, toujours selon l’analyse de la Mutualité Française.
Concernant la médiane, 50% des adhérents auront des hausses moyennes inférieures à 6,9%, et de 6,5% pour les contrats individuels. La fédération partage également les augmentations les plus extrêmes. Sur les contrats individuels, les moindres augmentations seront de l'ordre de 2,5%. Les plus importantes atteindront 10%. En assurance collective, 5% des contrats ne connaîtront pas d'augmentation, tandis que pour les 5% des contrats qui connaîtront la plus haute augmentation, elle sera de l'ordre de 11,7%. La fédération mutualiste indique que ses analyses sont très robustes, corroborées tous les ans par celles de la Drees.
La Mutualité Française joue la transparence
A l’occasion de la publication de ces indicateurs, Éric Chenut souhaite apporter une explication aux Français. Le président de la Mutualité Française, est l'invité de la matinale de RTL et France Info ce 19 décembre. Dans un point presse organisé en amont, il déclare que les mutuelles ont eu « le souci de n’augmenter que le strict nécessaire ».
Les revalorisations sont plus importantes que les dernières années « parce que la dynamique sur 2023 a été plus forte que celle que l’on avait anticipée. Nous avons enregistré une augmentation des prestations santé de 6% alors que nous attendions des évolutions de 4%. », expose-t-il.
Par ailleurs, en 2024 « il est nécessaire de couvrir des dépenses nouvelles, d’investir sur le système de santé pour en garantir l’attractivité et la qualité », selon Eric Chenut. Le président de la FNMF soutient que la revalorisation de la rémunération des médecins et paramédicaux, « ont été validées par les mutuelles » au travers des accord conventionnels l’été dernier. « Ce sont des choix que nous avons fait en responsabilité, des investissements sur la prévention que nous avons souhaité », affirme-t-il, en réponse aux propos tenus par Thomas Fatôme.
Par ailleurs, Eric Chenut justifie les augmentations en raison « des dépenses nouvelles sur le dentaire, du fait du relèvement du ticket modérateur ». Le président mutualiste n'utilise pas le terme de "transfert de charges" ou de "désengagement de la Sécurité sociale" qui a considérablement irrité le patron de l'Assurance Maladie. Il ne rend pas non plus responsables l'État ni l'Assurance Maladie de l'évolution des cotisations des complémentaires, comme le lui a demandé Aurélien Rousseau.
Le président mutualiste invoque enfin la montée en charge de la réforme du 100% santé, qui continue à se traduire par une augmentation des prestations encore en 2023. « Il faudra voir si en 2024 il y a encore de la montée en charge sur le 100% santé », dit-il.
Le dynamisme des dépenses de santé
Pour Eric Chenut, il faut comprendre ces hausses de tarif dans un contexte de forte évolution des dépenses de santé au niveau global. Elles augmentent plus vite que la richesse nationale. « En 20 ans, nous sommes passés de 9 à 12% du PIB. Depuis le covid, l’accélération de l’augmentation des dépenses de santé est encore plus importante, nous avons donc une problématique de financement », martèle-t-il.
Les organismes complémentaires « ne peuvent pas transférer les dépenses de l’année en cours sur les générations futures en levant de la dette. L’Assurance maladie a cette capacité, nous ne l’avons pas. Je rappelle que les cotisations de l’Assurance Maladie ont augmenté de 5,5% en moyenne puisque la masse salariale a augmenté. Malgré cette augmentation, le déficit de l’Assurance Maladie sera de 11Mds d’euros l’année prochaine », poursuit-il.
Alors qu’Aurélien Rousseau avait demandé plus de transparence de la part des organismes complémentaires, Eric Chenut répond par voie de presse : « L’augmentation est lisible, visible et donc transparente et nous sommes en capacité de l’expliquer ».
Face à cette forte dynamique des prestations, Eric Chenut fait le vœux que « collectivement, avec l’ensemble des acteurs de la santé, nous déterminions les enjeux, les besoins et les financements du système de santé pour les 5 à 10 années à venir, afin d’en garantir sa pérennité ».
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