Covéa/Scor : Denis Kessler affirme avoir étudié la proposition "avec soin"
Le réassureur français Scor, visé fin août par une offre de rachat de l'assureur Covéa, estime avoir étudié "avec soin" cette proposition et se défend de toute légèreté après son refus d'y donner suite, selon un récent courrier de son patron consulté lundi par l'AFP.
La proposition de rachat "était présentée de manière détaillée" et "tous les éléments nécessaires à l'examen de la proposition avaient donc été portés à notre connaissance", écrit Denis Kessler, le PDG du réassureur, dans une lettre datée de vendredi. Scor explique s'être attaché les services de deux banques, BNP Paribas et Citi, et de deux cabinets d'avocats internationaux, Skadden et Gibson Dunn.
Le conseil d'administration "a porté la plus grande attention à la proposition de Covéa. Les intérêts des actionnaires ont été au coeur de sa décision", assure encore M. Kessler dans ce document au ton véhément. Ce courrier constitue une réponse au fonds CIAM, qui a sévèrement mis en cause, dans une lettre datée du 17 septembre, la décision de la direction de Scor de refuser l'offre de Covéa. "Je ne peux que regretter la légèreté avec laquelle vous avez rejeté cette proposition, qui semble pourtant conforme à l'intérêt commun des actionnaires de Scor", y écrivait Catherine Berjal, présidente de CIAM, accusant la direction de Scor d'être manifestement "animée par la volonté de préserver ses intérêts personnels" plutôt que l'intérêt social de l'entreprise.
Dans ce courrier, également consulté par l'AFP, Le fonds reproche à Scor d'avoir rejeté l'offre de rachat, alors même que "le prix proposé est bien supérieur au cours de Bourse" du réassureur. Le cours de Bourse de Scor tourne actuellement aux alentours de 40 euros, là où Covéa proposait un prix d'achat de 43 euros par action. "Vos obligations légales envers vos actionnaires vous contraignent à engager, de bonne foi, des discussions avec Covéa", ajoutait Mme Berjal, se disant prête à "engager" la responsabilité du PDG et celle des membres du conseil d'administration "pour ce qui constituerait une faute de gestion caractérisée".
Dans sa réponse, M. Kessler rétorque que ces accusations sont "infondées, mensongères et fallacieuses", tout en notant que CIAM "est devenue actionnaire de Scor (très) récemment - il y a moins de trois semaines -, en étant manifestement animée par des intérêts spéculatifs de (très) court terme". "Toutes les actions menées par le management de Scor, sous la responsabilité du conseil d'administration, visent à créer de la valeur, avec deux objectifs : une rentabilité élevée et une solvabilité optimale", poursuit M. Kessler, estimant "ces objectifs sont atteints".
Il souligne notamment que le dividende a été en augmentation constante depuis 2006, passant de 0,80 euro à 1,65 euro en 2017 et a versé 2,6 milliards d'euros de rémunération à ses actionnaires sur cette période. Début septembre, le groupe mutualiste Covéa, poids lourd de l'assurance dommage France via ses marques GMF, MMA et MAAF, avait créé la surprise en révélant avoir envoyé à la fin de l'été une offre de rachat à la direction de Scor et que cette proposition avait été rejetée.
La bataille ne fait toutefois que commencer. Premier actionnaire de Scor avec un peu plus de 8%, Covéa s'est engagé jusqu'en avril 2019 à ne pas détenir plus de 10% du capital du réassureur, mais aura les coudés franches passée cette date pour changer de stratégie. "Je ne les vois pas renoncer. Covéa est actuellement très franco-français et un peu bloqué dans sa progression. Scor est une très belle boîte avec une assise internationale", estime auprès de l'AFP un dirigeant d'assurance français.
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