Covid : Soutien record aux dépenses de protection sociale
L’attachement des Français au système de protection sociale s’est accentué durant la crise sanitaire Covid, selon un baromètre d’opinion de la Drees.
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) a interrogé 4.000 Français en 2020 pour mesurer leur perception sur le système de protection sociale. L’adhésion des Français à leur système social est au plus haut, dans un contexte de crise sanitaire sans précédent. A juger par les résultats de l’enquête, les Français adhèrent donc pleinement la politique du « quoiqu’il en coûte » adoptée par le gouvernement pour gérer la pandémie.
En 2020, uniquement 16% des Français pensent que l’intervention de l’Etat en matière d'économique et sociale est excessive (contre 25% en 2019) et 39% pensent qu’elle est insuffisante. Le pourcentage des répondants qui considèrent que l’intervention de l’État est à son juste niveau atteint 45%, soit 10 points de plus qu’en 2019.
Ok pour dépenser plus
Par ailleurs, 72% des Français considèrent qu’il n’y a pas de raison de limiter des dépenses de santé car la santé n’a pas de prix, contre 58% en 2013. Le sentiment qu'il va falloir dépenser plus pour la santé est bien intégré par une bonne partie de la population. Ainsi, 77% des citoyens trouvent normal que l’on dépense de plus en plus pour la santé alors que 64% d’entre eux affirment qu’il est plus important de maintenir le niveau actuel les prestations et remboursements d’assurance maladie que de réduire le déficit de la Sécurité sociale, contre 61% en 2019 et 53% en 2015.
Malgré ce soutien, la part des Français qui pense que les dépenses de santé sont trop élevées car le système n’est pas bien géré reste haut, de l’ordre de 79%, contre 80% en 2019. De même, la part des Français qui pense que le système de Sécurité sociale coûte trop cher à la société atteint 61%, soit 5 points de plus qu’en 2019.
Quels leviers pour limiter la dépense ?
Pour limiter les dépenses de protection sociale, plus de 8 personnes sur 10 suggèrent de limiter les tarifs des professionnels de santé et de taxer davantage les fabricants de médicaments. La délégation de tâches à des infirmiers ou pharmaciens est de plus en plus acceptée par les Français. Ils sont 78% à approuver cette idée, contre 63% en 2015. Les autres mesures envisagées pour limiter la dépense rencontrent moins d’adhésion, que ce soit la « limitation des remboursements de la Sécurité sociale pour certaines prestations (37 % contre 45 % en 2015), l’augmentation des cotisations (16 % contre 22 % en 2015) ou la réduction de la prise en charge des maladies de longue durée (14 %, part stable depuis cinq ans) », pointe la Drees.
Les réponses aux questions divergent en fonction du niveau de revenus. Les Français les plus modestes financièrement sont plus souvent favorables à une couverture chômage ou une couverture maladie universelle et demandent un maintien du niveau actuel des prestations et de remboursements. Les foyers les plus aisés, en revanche, ont une vision plus libérale et sont plus enclins à vouloir réserver la couverture des risques sociaux à ceux qui cotisent.
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