Daniel Havis : « Notre réflexe n'est pas comptable, mais de responsabilité sociale »
INTERVIEW - Daniel Havis, président du groupe Matmut et vice-président de la Mutualité Française, explique qu'il revient à chaque mutuelle de trouver les ressources financières pour respecter les engagements de la FNMF en faveur du pouvoir d'achat des Français.
Deux jours après avoir rencontré le Président de la République, la Mutualité française et la Fédération française de l'assurance (FFA) ont rendu leur copie avec des idées concrètes pour améliorer le pouvoir d'achat des Français. Parmi les principaux engagements figurent l'annulation de la hausse de cotisations des contrats les plus modestes via un mécanisme de compensation, ou encore l'accélération du déploiement de la réforme sur le reste à charge zéro qui devait initialement s'étaler jusqu'à 2021.
Pourquoi proposez-vous de mettre en place le reste à charge zéro dès 2019 ?
Cette réforme est un des engagements de campagne du Président de la République. Nous sommes prêts à faire un effort significatif pour aller plus vite et la déployer dès 2019. Nous appelons à la mobilisation des autres partenaires comme les professionnels de santé et le régime obligatoire.
Combien coûterait aux complémentaires ce changement de calendrier, plus la compensation de la hausse de cotisations des contrats les plus modestes ?
Quand nous sommes en « état d’urgence », pour reprendre l’expression du chef de l'état, nous n'avons pas un réflexe comptable, mais un réflexe de responsabilité sociale. La Mutualité relève ce défi. Nos gestionnaires dans le cadre du livre III seront également au rendez-vous pour proposer des équipements du panier reste à charge zéro si un accord est trouvé.
Qui va payer ?
Les présidents des mutuelles ont dit « banco ». Il revient à chaque mutuelle de trouver les moyens de dégager les ressources financières pour aller au bout de cette démarche.
Cela ne risque-t-il de mettre en difficulté certaines mutuelles ?
Cela pourrait être la question posée par un contrôleur de l’ACPR ! Il y a un moment où il faut accepter de prendre une petite part de risque, même si certaines mesures viennent bousculer des provisions de Solvabilité II à 5 ans. Cela ne représente pas un risque létal pour notre industrie, étant donné que le 100% santé devait de toute façon être intégré dans nos mutuelles d'ici 2021. Nous ne faisons qu’aller plus vite.
Emmanuel Macron a également annoncé que la résiliation des contrats santé sera possible à tout moment après une année de cotisation. Qu'en pensez-vous ?
C’est une décision du Président de la République. Nous en prenons acte.
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