Les acteurs de l’assurance ont mis le frein aux recrutements depuis mi-mars. Le déconfinement a permis de finaliser certaines embauches en cours mais les entreprises se montrent encore frileuses.
Alors que le printemps est une période propice au recrutement, cette année les embauches sont restées gelées depuis mars. Les services de ressources humaines ont eu d’autres priorités à gérer : bascule en mode télétravail, préparation du déconfinement… Les cabinets de recrutement spécialisés dans le secteur ont accusé une baisse de l’activité d’environ 70% depuis le début du confinement. « La moitié de nos clients ont mis les recrutements en pause, 20% ont décidé de supprimer les embauches en cours et uniquement 30% ont continué à recruter normalement », explique Manuel Jeanne, fondateur du cabinet de recrutement Seroni Talents, spécialisé sur des postes de niveau cadre middle et top management en assurance.
Les courtiers sont les plus frileux, notamment les grands groupes internationaux qui sont impactés par le caractère mondial de la crise. Les assureurs et mutuelles en revanche ont poursuivi les recrutements, mais au ralenti.
Du point de vue des candidats, la crise n’a pas aiguisé les envies de changement. « Avant les annonces du déconfinement, uniquement 20% des candidats étaient encore en mobilité contre 80% réticents à bouger », selon Seroni Talents. « Lors de la première partie du confinement, des entretiens exploratoires par visioconférence ont uniquement eu pour but de faire connaissance et de prendre date quand le marché serait plus réceptif », explique Manuel Jeanne.
Priorité à la mobilité interne
Avant le 11 mai, les entreprises ont finalisé certains recrutements en cours, le plus souvent lorsque l’entreprise avait déjà rencontré physiquement le candidat avant le confinement. « Les entreprises ont enregistré moins de démissions et donc moins de postes sont aujourd’hui à pourvoir », commente Manuel Jeanne. Les quelques candidats qui souhaitaient quitter leur entreprise ont également attendu l’annonce du déconfinement du 11 mai pour poser leur démission. Pour absorber la crise, la majorité des postes vacants vont cependant être gelés et redistribués en interne, notamment sur les postes de niveau cadre, middle et top management.
Comment recrute-t-on pendant le confinement ? Quelques candidats ont passé tous les entretiens à distance, même si les entreprises ont voulu rencontrer le candidat physiquement au moment de la signature. L’intégration du nouveau salarié en cette période de télétravail généralisé pose également problème. Arriver dans une entreprise déserte, rencontrer les collègues au compte-gouttes, se former sur les outils à distance, se priver des moments de convivialité qui permettent de comprendre le fonctionnement de l’entreprise… Les services de ressources humaines ont dû revoir leur plan d’intégration des nouveaux collaborateurs et augmenter le nombre de réunions et visio-conférences afin de garantir la bonne intégration du salarié.
Faut-il s’attendre à une reprise des recrutements ? Sur les sites d’offres d’emploi, le nombre d’offres est en hausse, notamment pour des postes de gestionnaires. En revanche, pour les postes de cadre avec des niveaux de salaire au-delà de 40.000 euros annuels, les entreprises sont plus frileuses. En période de crise, le recrutement est une variable d’ajustement temporaire pour les entreprises.
« Au début du confinement, les salariés étaient très enthousiastes à l’idée de télétravailler à plein temps, ils ont joué le jeu. Mais à mesure que le confinement avançait, les DRH ont constaté une baisse de l’engagement et de la productivité. Désormais, les entreprises font pression pour que les salariés retournent progressivement au bureau. On devrait donc observer un retour plus rapide des salariés que celui initialement imaginé autour du 1er septembre. Et cela pourrait réenclencher les dynamiques de recrutement, même si cela va prendre du temps », anticipe Manuel Jeanne.
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