Déconfinement : Les remboursements en optique resteront faibles

jeudi 30 avril 2020
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Les trois syndicats d’opticiens ont rédigé un protocole de sécurité sanitaire pour préparer le déconfinement à partir du 11 mai. En plus des mesures strictes de protection, la pénurie d’ordonnances risque de freiner le nombre de remboursements en optique.

Limitation de personnes en magasin, masque obligatoire pour le personnel et les clients, désinfection des montures avant et après essayage, pas de climatisation… les mesures de protection des magasins d’optique seront très strictes. A la fois pour protéger et rassurer les clients et le personnel. Le ROF, le Synom et la FNOF ont signé un « guide de préconisations de sécurité sanitaire pour la continuité des activités d’optique-lunetterie en période post-confinement de coronavirus ».

L’enseigne mutualiste Écouter Voir a réussi à commander du matériel de protection et attend la livraison de masques, visières et gels hydro-alcooliques. Le 11 mai, les 1.200 magasins d’optique et d’audition devraient être prêts à rouvrir. « « Nous recommanderons très fortement le port du masque à nos clients. Si un client vient sans masque, nous allons lui en proposer un », explique Véronique Bazillaud, directrice des affaires publiques d’Écouter Voir. « En revanche, dans notre réseau, nous avons décidé de ne pas équiper les opticiens de gants car nous pensons que le personnel sera plus vigilant à mains nues. En revanche, le lavage ou désinfection des mains avec gel hydroalcoolique après chaque geste sera systématique ». ».

Limiter les contacts physiques

En audition, les patients seront priés de ne pas venir en avance pour éviter de croiser d’autres patients dans la salle d’attente et de venir avec un seul accompagnateur, s’ils souhaitent venir accompagnés. L’audioprothésiste se lavera les mains et désinfectera tout le matériel devant le client, avant et après chaque visite. La durée de chaque vente sera donc prolongée, les rendez-vous seront espacés et forcément le nombre de visites par jour sera réduit. « Nous pensons qu’en fin d’année, notre chiffre d’affaires annuel sera forcément impacté par ces deux mois d’inactivité », indique Véronique Bazillaud.

La prise de RDV sera privilégiée pour se rendre en magasin et les clients ne pourront plus se promener librement dans un magasin d’optique. Le nombre de personnes en magasin sera limitée. « Nous pensons que les premiers jours l'activité sera peut-être encore faible, le temps que les français s’habituent à cette nouvelle liberté de circulation, mais si nous devions être amenés à limiter les entrées, nous sommes prêt à gérer les flux ….et ce serait plutôt une très bonne nouvelle », déclare Véronique Bazillaud. L'affluence en magasin dépendra du niveau de circulation du virus dans le département et de la classification en zone verte ou rouge.

Il est difficile de prévoir l’attitude des Français après le 11 mai. Vont-ils se précipiter dans les magasins d’optique ? Limiteront-ils les déplacements ? Dans d’autres pays, l’activité optique n’a repris qu’à 40%, après le confinement. « Nous sentons que le besoin augmente, ces dernières semaines car nous avons plus d’appels. Si pendant les premières semaines, les Français se sont débrouillés, aujourd'hui ils ne peuvent plus attendre s’ils ont un problème avec leur monture ou leur appareil auditif. Le site e-commerce Ecouter voir propose l’envoi sans frais à domicile de piles et de contactologie mais les clients appellent leurs magasins pour ces mêmes demandes », selon Véronique Bazillaud.

Embouteillage chez les ophtalmologues

Les opticiens vont néanmoins souffrir du manque d’ordonnances. Les trois syndicats d’opticiens ont calculé que 5 millions d’ordonnances n’auront pas été produites de mi-mars à mi-mai. Les ophtalmologues vont devoir gérer les opérations reportés, les urgences, et en plus, ils auront un rythme de production d’ordonnance moins élevé à cause des mesures de protection. Les délais d'attente moyens de 55 jours pour obtenir un RDV chez l'ophtalmologue vont donc se rallonger. Les opticiens s’attendent donc à voir moins de patients détenteurs d’une nouvelle ordonnance.

Si la clientèle fuit les magasins d’optique après le 11 mai, les opticiens pourront encore avoir recours aux mécanismes de chômage partiel jusqu’à début juin. Et après ? 2020 risque d’être une année catastrophique. La mise en place du 100% santé en début d’année a été très difficile, concomitante avec le lancement des grands réseaux de conventionnement, des nouveaux codes, des nouveaux devis… L’activité a baissé de 40% en janvier, elle avait pris de couleurs en février et elle a été brutalement à l’arrêt pendant deux mois. Le chiffre d'affaires non réalisé sera difficilement rattrapé et certains magasins seront contraints de fermer, quel que soit le type de gestionnaire. « Les marchés de l’optique et de l’audition vont devoir redoubler d’efforts pour rattraper deux mois sans chiffre d’affaires. Pour exercer nos métiers demain avec la présence du virus et éviter des fermetures, il faudra travailler différemment, revoir nos process métiers et les modalités de prise en charge des patients afin d'absorber le choc », conclut Véronique Bazillaud.

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