Départ : Josef Ackermann quitte Deutsche Bank pour Zurich Insurance Group
Josef Ackermann, l'emblématique patron de Deutsche Bank depuis dix ans, a tiré jeudi sa révérence lors de l'assemblée générale du groupe, habitué aux succès mais qui traverse une phase difficile comme l'ensemble du secteur.
Dans la salle des fêtes de la foire de Francfort (ouest), M. Ackermann, visiblement ému, s'est félicité de son bilan à l'occasion de son dernier discours en tant que patron de la banque, ponctué par les applaudissements de quelque 7.000 actionnaires, une affluence record.
"C'est un jour spécial pour moi, un jour mélancolique mais surtout un jour de joie", a confié M. Ackermann, qui à 64 ans va retourner dans son pays natal, la Suisse, pour diriger l'assureur Zurich Financial Services. "Je me réjouis de pouvoir vous présenter un bon bilan et de remettre cette banque en bon état entre les mains de mes successeurs ", a-t-il poursuivi.
"Deutsche Bank est devenue plus forte et plus stable que jamais auparavant" et sa base de revenus est "nettement plus équilibrée qu'avant", a-t-il affirmé, faisant notamment allusion au rachat de Postbank, la première banque de détail allemande, et à l'augmentation de capital de 10 milliards d'euros réalisée en 2010, la plus importante de l'histoire du géant bancaire. "La conjoncture, la situation de la dette et le manque de volonté de réformes dans certains pays de la zone euro donnent des raisons d'être inquiet", a toutefois tempéré M. Ackermann, rappelant que la dynamique de croissance en Allemagne et en Asie ralentissait aussi.
Le président du conseil de surveillance, Clemens Börsig, également sortant, a loué son action. "Contrairement à beaucoup de concurrents, Deutsche Bank n'a pas eu besoin de demander des aides publiques directes. Cela signifie que Deutsche Bank a profité de vos décisions stratégiques, M. Ackermann, et qu'elle a été l'une des gagnantes de la crise financière", a-t-il estimé.
M. Ackermann, très estimé dans les milieux financiers mais extrêmement controversé au sein de l'opinion publique allemande en tant que symbole d'un capitalisme effréné, s'est défendu encore une fois face à ses détracteurs. "Certains ont critiqué notre objectif d'un rendement de 25% avant impôts qu'ils ont perçu comme un signe de cupidité", a-t-il rappelé. Or il s'agissait de "devenir aussi rentable que les meilleures banques du monde" pour se "maintenir durablement parmi la concurrence internationale", a-t-il plaidé.
Il ne s'est pas attardé sur l'objectif manqué de 10 milliards de bénéfice opérationnel (6,6 milliards en 2011). Et il a omis d'évoquer la chute de moitié du cours de Bourse de la banque depuis son arrivée à sa tête. Le titre valait 66,52 euros le 3 juin 2002, et 29,19 euros jeudi à 12H00 GMT.
Côté réputation, M. Ackermann a concédé que Deutsche Bank n'avait "pas pu totalement échapper à la perte d'image générale du secteur bancaire à la suite de la crise financière". "Aucune activité ne doit valoir à nos yeux si elle met en jeu la réputation et la crédibilité de la banque", a-t-il jugé, assurant par exemple que son groupe avait cessé ses relations d'affaires avec des entreprises liées à la production de bombes à sous-munition, interdites par un traité international.
Il a aussi rappelé que son groupe s'était engagé à ne plus lancer de nouveaux instruments financiers spéculant sur les produits agricoles. "Deutsche Bank est une banque mondiale mais elle a aussi de profondes racines dans notre marché national, et nous cultivons ces origines", a-t-il rappelé à l'adresse de ceux qui craignent que le groupe -qui gagne déjà plus de 60% de ses revenus à l'étranger- se détourne de son pays d'origine au profit des marchés émergents.
Cette inquiétude a grandi avec la nomination de l'Anglo-Indien Anshu Jain, chef de la division d'investissement du groupe, pour succéder à M. Ackermann. Pour calmer les craintes, M. Jain s'est vu adjoindre un co-directeur expert des questions allemandes, Jürgen Fitschen.
Sobrement, le Suisse leur a adressé "ses meilleurs voeux, aussi en tant qu'actionnaire".
Avec AFP
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