Avec 149Mds d’euros sous gestion, l’investissement responsable commence à compter dans la gestion d’actifs française. L’assurance est pour beaucoup dans cette tendance puisqu’elle intervient pour la moitié de ce total. Pour la gestion de leurs fonds et mandats ESG (Environnement Social & Gouvernance), Axa et Generali pratiquent davantage une sélection de valeurs ‘Best In Class’ en fonction de critères ISR.
Apparue au milieu des années 90, l’investissement responsable a fait souche dans la gestion d’actifs française. Selon les derniers chiffres compilés par Novethic, cette poche d’encours représentait l’an dernier 149Mds d’euros gérés, en hausse de 29 %. La progression est forte mais moins que celle de 2011 : + 69 %. Cette performance s’explique essentiellement par l’engagement de l’assurance dans cette voie : les compagnies, mutuelles et autres instituts de prévoyance ‘pèsent’ pour plus des deux tiers de ce total. Un chiffre impressionnant, mais à relativiser. Ainsi, chez Axa Investment Manager, les quelques 4,2Mds d’euros des fonds et mandats ‘ISR’ n’atteignent pas 1 % des quelques 534 milliards sous gestion. Le ratio est plus élevé chez Génerali France avec 6 milliards sur 51. Mais la filiale française pilote toute la gestion ‘verte’ européenne des encours sous gestion de l’assureur italien, évalués à… 330Mds d’euros.
Cet engouement pour l’investissement responsable obéit autant à une prise de conscience qu’à une demande de leurs clients institutionnels pour d’avantage d’éthique. "La crise a accentué leur souhait pour plus de transparence, de pédagogie et d’explications" indique Franca Perin, chargée de ces questions chez Generali. Mais de là à ‘repeindre en vert’ leurs investissements, il y a un gouffre qu’aucun des acteurs du secteur n’est près à franchir.
Car en fait de gestion ISR ou ESG (Environnement Social & Gouvernance), autant Axa que Generali préfèrent sélectionner les ‘best in Class’ de chacun des compartiments composant des indices globaux tels les MSCI ou les Eurostoxx. Le tout, "pour avoir une vision de l’entreprise dans sa globalité en ajoutant d’autres critères à ceux déjà employés" reprend Franca Perin. Pas question cependant de coopter des valeurs du vice, comme celles du Tabac, de la pornographie ou de l’armement. Lise Moret, analyste quantitative ISR chez Axa IM se souvient ainsi qu’EADS a un temps été "exclue de la gestion, car la doctrine classait ces obligations parmi les industries de défense et ses actions dans l’aéronautique. Nous bannirons toujours les fabricants de mines et autre sous-munitions sachant que dans les fonds ISR toute la défense est exclue".
"Nous ne sommes pas là non plus pour juger les entreprises ou faire la morale" renchérit Franca Perin chez Generali, qui elle aussi investi dans le nucléaire civil. Pas question non plus de favoriser l’énergie solaire si les panneaux photovoltaïques sont produits dans des usines employant des enfants, elles-mêmes situées dans des pays peu favorables aux libertés individuelles. L’un comme l’autre emploient le levier de critères ISR draconiens pour une étude approfondie de la chaîne de valeur des entreprises susceptibles de les intéresser, y compris leurs fournisseurs et sous-traitants. Le tout pour éviter de se retrouver ‘collé’ avec des titres de sociétés prises dans des polémiques.
Reste maintenant à convaincre les épargnants à basculer vers une gestion ISR complète. Ce qui n’est pas pour demain car il faudra d’abord former de manière approfondie les salariés des réseaux de distribution, externe et interne.
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