Edito : "Grand" parmi "les petits"

En l'espace de 2 semaines, le monde féérique des licornes françaises a accueilli deux nouveaux spécimens venant de l'assurance.

Tout d'abord Alan, assureur santé qui a obtenu ce statut au mois d'avril dernier. Il a été suivi de Shift Technology, spécialiste de la lutte contre la fraude à l'assurance, au début du mois de mai. A leurs côtés figurent des noms peut-être plus connus du grand public comme OVH, Deezer, Doctolib ou encore BlablaCar. Au total, l'Hexagone comptabilise 13 licornes made in France. Les assureurs peuvent d'ailleurs s'enorgueillir d'être les plus représentés dans le microcosme des équidés cornus.

Pourtant, loin d'exacerber un quelconque sentiment de fierté dans le secteur, c'est plutôt la cravache qui est de sortie. Les réseaux sociaux, jamais avares de piques en tout genre, même sur les plateformes les plus cordiales comme LinkedIn, laissent éclore les critiques. Et certains de se demander comment une société comme Alan peut être valorisée plus d'1Md d'euros alors qu'elle dégage un chiffre d'affaires de 37M d'euros. Il est vrai que l'écart est vertigineux.

Une réponse se trouve peut-être dans le rapport sur la situation financière des organismes complémentaires assurant une couverture santé publié annuellement par la Dress. Car au regard de la classification de l'organisme, Alan se classe parmi les « grands acteurs de la santé » en France. En effet, la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques distingue les acteurs selon leur taille.

Ainsi dans son rapport de 2019, les Ocam réalisant plus de 53M d'euros de chiffre d'affaires toutes activités confondues étaient considérées comme de « grands acteurs ». De ce point de vue, Alan est donc "petit". En revanche, le barre descend à 25M d'euros lorsque l'organisme public se penche sur la seule activité santé, car en France, « la moitié des organismes ont un chiffre d’affaires en santé inférieur à 25 millions d’euros », lit-on dans le rapport. Sur ce segment, la compagnie dirigée par Jean-Charles Samuelian bascule chez les « grands ».

Après 4 années d'existence, et quoi que l'on pense d'Alan, la performance est à souligner. Car cela signifie que, sur la santé, la compagnie fait déjà mieux que la moitié du marché français.