En janvier 2012, François Hollande, alors candidat à l'élection présidentielle, prononce le fameux discours du Bourget. Il y prononce quelques phrases parmi les plus marquantes de sa campagne. « Dans cette bataille qui s’engage, je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance », lance-t-il devant plus de 10.000 personnes.
La saillie du futur locataire de l'Élysée est rude. Mais à l'époque, l'économie mondiale commence à peine à se relever de la crise financière de 2008 matérialisée par la faillite de Lehman Brothers. Longtemps, François Hollande a dû s'expliquer sur cette diatribe. Indiquant qu'il visait une certaine finance. Celle de la spéculation, de la déconnexion de l'économie réelle. Pas celle qui permet aux épargnants de capitaliser pour leur retraite. Pas celle qui permet aux Français de se constituer un patrimoine immobilier. Pas celle qui permet à l'État de financer sa dette. La finance est même un véritable allié pour l'État. Tout comme elle l'est redevenue pour le secteur de l'assurance à la faveur de marchés porteurs en 2023.
Il suffit de jeter un œil aux résultats annuels qui se succèdent ces dernières semaines pour constater à quel point les résultats financiers viennent compenser des résultats techniques minés par une explosion des risques et des coûts. Transferts de dépenses, hausse des arrêts de travail, sécheresse, tempêtes et même émeutes percutent les fondements même de l'assurance.
La nouvelle norme comptable IFRS 17 permet d'ailleurs de juger de l'apport des résultats financiers. Ils sont désormais inclus dans le calcul du ratio combiné. À l'instar de Groupama, sans les produits financiers, ils navigueraient au-dessus de 100%. Avec eux, ils passent sous ce seuil fatidique synonyme de rentabilité. Autant dire que la finance sauve des résultats techniques en demi-teinte. Elle se mue à nouveau en alliée. Car, aujourd'hui, peut-être, le principal adversaire du monde de l'assurance pourrait devenir le risque. Celui-là même qui constitue son essence, mais qui peu à peu se retournera contre elle si rien n'est fait pour en atténuer les effets.
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