Élections : Le report de l’âge de départ à la retraite inquiète les assureurs

jeudi 10 mars 2022
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Alors qu’Emmanuel Macron a dévoilé son intention de reculer à 65 ans l’âge de départ à la retraite, les assureurs souhaitent neutraliser l'impact d'une éventuelle réforme sur les personnes déjà en invalidité.

L’âge légal de départ à la retraite, aujourd’hui fixé à 62 ans, est un sujet clivant de la campagne électorale. A gauche, des candidats comme Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel, Nathalie Arthaud, Philippe Poutou, militent pour avancer l’âge de départ à 60 ans et retrouver donc la situation avant l’entrée en vigueur de la réforme Fillon de 2010. D’autres candidats de différents bords politiques comme Marine Le Pen, Yannick Jadot, Anne Hidalgo, Jean Lassalle ou Nicolas Dupont-Aignan préfèrent ne pas changer l’âge de départ actuel de 62 ans. Eric Zemmour veut porter l’âge de départ à 64 ans, tandis que Valérie Pécresse et Emmanuel Macron sont les seuls à proposer un report de l’âge légal à 65 ans. D’autres pays comme l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne ou le Pays-Bas ont établi l’âge de départ à 65 ans.

Emmanuel Macron : de 62 à 65 ans

Le porte-parole du gouvernement a confirmé le 10 mars la volonté d’Emmanuel Macron de reculer de trois ans l’âge de départ à la retraite, dévoilée la veille par Les Echos. S’il est réelu, Emmanuel Macron souhaite porter le minimum retraite à 1.100 euros et supprimer les régimes spéciaux. Dans son projet de réforme, les personnes avec des carrières longues ou ayant exercé des métiers pénibles pourront partir plus tôt, d’après le porte-parole du gouvernement. Ce recul de l’âge de départ doit permettre de financer le système de protection sociale des Français dont les comptes ont été dégradés par la crise sanitaire. Pour financer le système sans augmenter les impôts, il faudra travailler plus longtemps selon le projet d’Emmanuel Macron.

Le dernier rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) de juin 2021 évoque les effets d’un éventuel report de l’âge de la retraite sur les allocations chômage, invalidité et exclusion (minima sociaux). En effet, la durée de perception de ces allocations serait allongée.

Par ailleurs, toute réforme des retraites a un impact significatif sur les régimes prévoyance collectifs qui financent le risque décès, invalidité et incapacité temporaire de travail des salariés en activité. En effet, la probabilité d’être en arrêt de travail, de déclencher une invalidité ou de mourir, augmente mécaniquement avec l’âge. Dans le cadre d'une éventuelle réforme, les assureurs prévoyance doivent donc revoir le montant de leurs provisions pour faire face aux risques futurs et notamment être en capacité de verser des rentes invalidité pendant trois années supplémentaires.

Thomas Saunier, directeur général de Malakoff Humanis, estime de son côté à 10Mds d’euros le surcoût sur les prestations prévoyance d’un report de trois ans de l’âge légal de départ à la retraite pour l'ensemble du secteur de l'assurance. Selon nos informations, le secteur de l'assurance travaille sur une solution de neutralisation de la réforme sur les invalides en cours, à la date d'entrée de la réforme, afin de limiter l'impact massif sur la prévoyance collective. L'objectif serait de faire en sorte que le report de l'âge légal de départ à la retraite ne s'applique pas aux personnes déjà en invalidité mais uniquement aux futurs invalides.

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