Solvabilité 2, réforme des retraites, plan d’épargne retraite, reste à charge… autant de sujets évoqués par les principaux partis politiques aux élections législatives face au Medef.
Le Medef a organisé des auditions avec les présidents et représentants des principaux partis politiques ce 20 juin. Devant un parterre d’entrepreneurs, ils ont détaillé leurs programmes électoraux dans le cadre des élections législatives du 30 juin et 7 juillet. Le sujet de l’assurance s’est invité dans leurs interventions.
Le premier à monter sur scène a été l’ancien Premier ministre Edouard Philippe. Le président d’Horizons a insisté sur la nécessité de favoriser les investissements dans les entreprises. Comme le président de la République Emmanuel Macron le 14 mai dernier, Edouard Philippe s’est opposé à la directive européenne Solvabilité 2 : « A cause de règles prudentielles à mon avis mal faites qui concernent notamment les compagnies d’assurance, on s’est privé des capacités d’acteurs institutionnels susceptibles d’investir puissamment dans la construction immobilière. Nous avons privilégié le très court terme et rendu complètement impossible l’investissement en capital, notamment de compagnies d’assurance, dans le marché immobilier ». Plus tard dans la discussion, il a insisté sur ce point : « Il faut faire une transformation totale de la politique de logement, changer la régulation pour permettre aux acteurs institutionnels d’investir sur le logement de longue durée ».
Concernant le déficit de la Sécurité sociale, Edouard Philippe a déclaré : « L’essentiel de la dépense publique finance la dépense sociale, au détriment de la dépense régalienne. Si on a envie de contenir la dépense publique, il va falloir contenir la dépense sociale. Au sein de la dépense sociale, la maladie va être difficile à équilibrer. Nous pouvons faire beaucoup plus de prévention, mais je ne pense pas qu’on va arriver à la contenir ».
Place au dialogue social
Ensuite, Eric Coquerel et Boris Vallaud, du Nouveau Front Populaire, ont insisté « sur la nécessité de rompre avec la politique de l’offre en vigueur depuis 2017 ». Le parti de gauche souhaite souhaite mettre fin à certaines mesures fiscales comme la flat tax. Et favoriser l'augmentation des salaires. S’il obtient la majorité, le Nouveau Front Populaire réunira les partenaires sociaux « sans délai » afin de « favoriser le dialogue social » cat il est attaché au « respect des corps intermédiaires ».
Jordan Bardella, président du Rassemblement national, est arrivé accompagné de son nouvel allié Eric Ciotti, ancien président des Républicains. Jordan Bardella a promis un projet de loi de finances rectificative s'il arrive au pouvoir. Il a ensuite détaillé sa propositions de suppression de la TVA sur le gaz et le fioul. Pour revaloriser les salaires, il promet d’exonérer de cotisations sociales les augmentations de salaire de 10% jusqu’à trois fois le smic.
Revenir ou pas sur la réforme des retraites
Interrogé sur la position de son parti concernant la réforme des retraites, Jordan Bardella a confirmé sa volonté d’abroger cette réforme s’il arrive au gouvernement. Une réforme jugée « injuste socialement et très coûteuse sur le plan économique » en raison de « ses coûts cachés". « Deux tiers des personnes de plus de 60 ans ne sont pas en emploi. Ils sont au chômage, en invalidité ou bien ils perçoivent le RSA ».
Jordan Bardella a insisté sur les carrières longues. « Je souhaite que ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans puissent partir à 60 ans, avec 40 ans d’annuités », a-t-il déclaré. Cette mesure aurait un cout de « 1,6Md d’euros, peu ou prou le budget de l’Aide médicale d’État », selon le parti d’extrême droite.
En revanche, sur l'âge légal pour les autres travailleurs, Jordan Bardella a été moins précis. Il a parlé de "progressivité". Il a dit qu’il visait un âge de départ à la retraite de 62 ans, en ligne avec le programme de Marine Le Pen, mais "qui prenait en compte aussi l'état du pays avec 300Mds d'euros de dette en moins". Interrogé sur la possibilité de laisser un âge de départ à la retraite à 64 ans, il a répondu : "Avant de vous donner un calendrier, je veux avoir connaissance des marges budgétaires".
Quatrième parti auditionné, celui de la majorité présidentielle. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, a annoncé que « la marge budgétaire de la France est nulle ». Cette déclaration intervenait au lendemain de l’ouverture par la Commission européenne d’une procédure pour déficit excessif en France. « Il faut rétablir les comptes publics, je préfère être responsable plutôt que populaire. Toute augmentation d’impôt sur les ménages comme sur les entreprises ce serait une faute économique, politique et sociale », a déclaré le représentant de la majorité présidentielle.
Bruno Le Maire a remercié l’organisation patronale pour son engagement. En effet, le Medef s’est opposé ouvertement aux programmes du Nouveau Front Populaire et du Rassemblement National dans une tribune de presse.
Fier du PER
Interrogé sur la réforme des retraites, Bruno Le Maire s’est dit « fier » d’avoir lancé le Produit d’épargne retraite. « Nous avons simplifié les 11 produits d’épargne retraite. Nous avons créé le produit d’épargne retraite, défiscalisé, attractif, vous pouvez sortir en rente ou en capital. Nous pensions qu’il y aurait 3 millions de contrats, il y a en a eu 11 millions pour un montant de 100Mds d’euros. Cela veut dire que les Français sont plus lucides sur la démographie et la situation des retraites ».
Bruno Le Maire souhaite conserver sa place au gouvernement afin de poursuivre sa politique économique. Il a insisté sur la nécessité de réduire la dépense publique : « Quand nous décidons d’augmenter la franchise sur le médicament de 50 cts à 1 euros, c’est vrai que ce n’est pas populaire. Mais cela rapporte 1Md d’euros. Cela évite la sur-consommation de médicaments et cela participe au retour à l’équilibre des comptes ».
Augmenter le reste à charge
Dernier à prendre la parole, Bruno Retailleau, président de Les Républicains au Sénat, a insisté sur la nécessité de « mettre de l’ordre dans les comptes publics et de corriger les dérives du modèle social ». Pour Les Républicains, le faible reste à charge sur les dépenses de santé pose problème. « Le reste à charge n’a pas cessé de baisser depuis 15 ans. Nous avons le reste à charge le plus faible des pays européens, de 7%. C’est la raison pour laquelle aujourd’hui nous sommes en pénurie de les médicaments. Quand vous avez de la gratuité, à un moment il y a quelqu’un qui paie ou c’est la pénurie, on y est ! », a déclaré Bruno Retailleau.
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