Émeutes : Smacl et Groupama en première ligne sur les collectivités
Avec plus de 170 sinistres déclarés, Smacl Assurances chiffre à 100M d’euros le montant global qu’elle devra indemniser après les émeutes de ces derniers jours. De son côté, Groupama fait état de 400 dossiers ouverts pour un coût estimé à près de 40M d’euros.
Sur les 650M d’euros de dégâts assurés qu'ont engendrés les violences urbaines de ces derniers jours, 35% des sinistres concernent des biens de collectivités locales selon le dernier bilan de France Assureurs. En première ligne, Smacl Assurances et Groupama, les deux principaux assureurs des collectivités du territoire, paient un lourd tribut à ces violences urbaines.
Pour sa part, la filiale de Maif (positionnée sur les villes situées en zones urbaines), comptabilise en ce début de semaine 444 communes victimes d’actes de vandalisme, dont 335 assurées par ses soins. « Pour l’heure, nous comptabilisons 172 déclarations de sinistres, essentiellement sur des dommages aux biens. Il s’agit pour la grande majorité d’incendies et de dégradations sur des établissements scolaires, des mairies et leurs annexes, des centres de loisirs, des MJC, des médiathèques ou des postes de police municipale », explique à News Assurances Pro Patrick Blanchard, son directeur général. Avec un coût moyen des dégâts par commune estimé entre 400.000 et 500.000 euros avec plusieurs cas extrêmes pouvant atteindre 4 à 5M d’euros, « nous maintenons notre approximation initiale et nous pensons que ces évènements vont coûter au global près de 100M d’euros à Smacl Assurances », précise ce dernier.
De son côté, Groupama (qui assure presque 28.000 collectivités dont 20.000 communes de petite taille) fait état de 400 dossiers déclarés - une centaine sur les collectivités, moins de 200 en auto, une centaine de commerces et entreprises - pour un coût estimé à près de 40M d’euros.
Peu de réassurance
Déjà recapitalisée à hauteur de 140M d’euros fin 2022 par sa maison-mère, Smacl Assurances se retrouve de nouveau dans une passe difficile. « Même en intégrant les conséquences du récent séisme dans l'ouest, nous avions suffisamment anticipé le niveau de sinistres exceptionnels pour l’année, en phase avec notre business plan. La survenance de ces émeutes bouleverse notre exercice », lance ensuite Patrick Blanchard.
Côté réassurance, la mutuelle d’assurance n’est pas si bien lotie. « Malgré le contexte difficile des renouvellements en réassurance l’an dernier, nous avions réussi à négocier plusieurs traités couvrant ce type de situation. Pour autant, le déclenchement de certains traités était conditionné par évènement, pour une durée maximum de 72h, et ce, sur une région administrative donnée. Nous sommes donc limités sur le nombre d’évènements réassurés, avec des priorités à 10M d’euros, et à ce stade, seule la région parisienne devrait pouvoir être entièrement couverte par nos traités », précise le dirigeant.
Au final, la mutuelle d'assurance estime que moins de la moitié de son portefeuille sinistré durant ces émeutes serait couvert par la réassurance, « ce qui laisse un coût important à la charge de Smacl et pose la question de l’assurabilité de ce type d’événement ».
Revoir les limites
« Je m’interroge sur le devenir de la couverture de ces risques. Avec dans notre portefeuille près de 75% des communes impactées de près ou de loin par ces émeutes, nous ne sommes plus ni dans l’aléa ni dans une logique de mutualisation », lance le patron de Smacl Assurances, qui indique par ailleurs craindre que la fréquence de ce type d’agissements augmente encore à l’avenir. « Si nous voulons pouvoir continuer d’assurer nos sociétaires, nous allons devoir augmenter nos franchises et revoir nos limites », conclut ce dernier.
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