Épargne salariale : A l’assaut du middle market
L'épargne salariale confirme sa croissance dans un contexte inflationniste incertain. Les acteurs de l'assurance se tournent aujourd'hui vers des cibles à faible taux d'équipement, soit les PME et ETI.
Les petites et moyennes entreprises n’ont qu’à bien se tenir. A la sortie d’une crise sanitaire qui aura chamboulé l’organisation du travail et les salariés eux-mêmes, le partage de valeur prend du sens et de l'ampleur. La guerre en Ukraine et l’inflation ne font qu’accentuer la tendance à l’heure où le pouvoir d’achat est sur toutes les lèvres.
« La tendance est claire, aujourd’hui, de plus en plus d’ETI, de petites et de moyennes entreprises se tournent vers l’épargne salariale. La tendance ne fait que s’accélérer avec notamment des logiques de pouvoir d’achat. L’épargne salariale est un véhicule à mettre en avant par l’entreprise puisqu’il y a des possibilités de déblocage assez rapide », lance Marie-Pierre Ravoteur, directrice épargne retraite entreprise chez Axa France.
75% de TPE pour Axa France
Les résultats des cinq premiers mois de l'année pour Axa France le confirme. L'assureur français enregistre une croissance de 11% de son activité par rapport à la même période en 2021. L’équivalent de 430 nouvelles entreprises adhérentes, soit 6.792 nouveaux salariés épargnants. Parmi les nouvelles souscriptions, 75% sont des TPE.
Dichotomie entre les acteurs
Contrairement aux grands groupes, dont le taux d'équipement flirte avec les 100%, les petites et moyennes entreprises peinent encore à s'équiper. Bien que les entreprises de plus de 50 salariés soient dans l'obligation de mettre en place ce mécanisme de partage de la valeur, les entreprises de moins de 50 salariés bénéficient, quant à elles, d’un forfait social à 0%.
L’incitation fiscale mis en place par le gouvernement n’a pourtant pas suffit, puisque leur taux d’équipement reste faible. « Les petites structures - moins de 10 personnes - ont un taux d’équipement inférieur à 15%. Pourtant, la loi Pacte, en supprimant le forfait social dans les entreprises de moins de 50 salariés, a renforcé l'efficacité des dispositifs dans les TPE et constitue un tournant pour le marché de l’épargne salariale, explique Pierre-Emmanuel Sassonia, président de la commission épargne salariale/épargne retraite de Planète CSCA. L’intéressement, la participation et l'actionnariat salarié sont des dispositifs qui permettent de partager la valeur avec les salariés et constituent un formidable outil pour rénover le contrat social. Si le dispositif de la prime PEPA, permet de soutenir le pouvoir d’achat à court terme. L'intéressement, la participation et l'actionnariat salarié sont de puissants leviers pour stimuler le dialogue social, motiver et fidéliser les salariés et je pense qu'ils créent plus de valeur dans la durée ».
Les courtiers ne manquent pas le coche
Pas d’exception pour les courtiers, qui jusqu’en 2019 (loi Pacte) travaillaient avec des teneurs de comptes sur ces sujets. « L’année 2021 a été extrêmement positive en épargne salariale avec un équipement qui s'est accéléré dans les petites entreprises. La production de nouveaux plans a progressé de 20% par rapport à 2020 et continue d'accélérer en 2022. Nous enregistrons une nouvelle croissance de 10% sur les six premiers mois de l’année », commente Mathieu Chauvin, président du groupe Eres.
Le succès est d’autant plus prometteur car ce type d’investissement est encore largement considéré pour ses avantages fiscaux par les Français. Cela étant, une majorité de la production se fera en fin d’année.
Vert, le responsable
La dernière étude publiée par « La Croix » et l’association Fair (ex-Finansol) annonçait, début juin, une progression de l’épargne solidaire « record ». Dans cette optique, l'épargne salariale sortait du lot et se présentait comme l’un des canaux les plus fructueux en termes de « placement solidaire », devant l’épargne bancaire.
« La volonté des salariés à investir dans des placements responsables est forte. Ils se positionnent très clairement sur les sujets environnementaux et sociaux, confirme Marie-Pierre Ravoteur. Nous avons rencontré une vraie tendance de fond vis-à-vis des placements dits verts. Cela a généré une très bonne rémunération en 2021. L’année 2022 est légèrement différente puisque les valeurs value surpassent les valeurs de croissance, or nous savons que majoritairement les valeurs ISR sont des valeurs de croissance et de long terme. En revanche, l’histoire a montré que sur une longue période, ces investissements vont être les plus performants ».
Cols bleus ou blancs ?
La fin de l'année 2022 promet. Dans un contexte inflationniste et de remontée des taux, le comportement des épargnants devrait être scruté.« Il sera intéressant d’observer le comportement des épargnants dans ce contexte de la baisse du pouvoir d’achat. Est-ce que face à cette situation, les épargnants vont retirer leur épargne ? Est-ce que cette épargne au regard du contexte des marchés financiers aura une approche défensive ou vont-ils considérer cela comme un point d’entrée financier ? Actuellement nous sommes en pleine campagne de participation et d’intéressement, cela nous donnera une première tendance des comportements des salariés », argumente la directrice épargne retraite entreprise chez Axa France.
Les assureurs étaient attendus cette semaine à Bercy, pour discuter du rôle qu’ils auront à jouer dans la lutte contre la baisse du pouvoir d’achat. L’opportunité, pour eux, de mettre en avant ce type de dispositif.
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