Fabrice Heyriès : "MGEN est motivée pour remporter le ministère de l’Écologie"
INTERVIEW – Fabrice Heyriès, directeur général de la mutuelle MGEN, revient sur le partenariat avec la MGAS (Mutuelle Générale des Affaires Sociales) et annonce sa volonté de concourir au ministère de l'Écologie.
Comme nous l’annoncions dans nos colonnes, vous avez ouvert des discussions avec la MGAS dans la perspective de répondre ensemble aux appels d’offres de la réforme de la protection sociale complémentaire dans la fonction publique. Pourquoi cette alliance ?
L’objectif de MGEN est de développer ses offres en santé et en prévoyance sur plusieurs ministères. A chaque fois, nous avons essayé de construire des partenariats avec des mutuelles historiques. Nous l’avons fait avec la Mutuelle générale de la Police (MGP) et avec la Mutuelle des Affaires étrangères et européennes (MAEE). Nous sommes en relation avec la Mutuelle générale des Affaires sociales (MGAS) depuis quelques mois. Maintenant que leur assemblée générale a approuvé le principe du partenariat, nous commençons à aborder les sujets opérationnels et l’articulation avec nos autres partenaires (Relyens notamment).
Quel sera le rôle de chacun dans cette alliance ?
Pour l’heure, nous avons uniquement signé une lettre d’engagement. Beaucoup reste à discuter. Allons-nous opter pour un mécanisme de réassurance ? De co-assurance ? Qui va assurer la gestion, sur quels outils, etc ? Ce qui est sûr c’est que la MGAS a des ambitions sur le ministère des Affaires sociales et sur la Direction générale de l’aviation civile, et MGEN également. Nous attendons donc ces appels d’offres.
Vous êtes tous les deux référencés au ministère des Affaires sociales depuis 2018. Quelle est votre part de marché ?
La MGAS est l’acteur historique sur ce ministère. MGEN assure encore une part mineure de ses fonctionnaires.
La MGAS était référencée aux Affaires sociales avec Relyens. Quid de ce partenariat ?
MGEN est partenaire de Relyens sur la fonction publique hospitalière. Nous allons chercher à trouver une alliance à plusieurs, estimant que nous sommes complémentaires.
La MGAS va-t-elle adhérer à MGEN Partenaires ? A-t-elle vocation à quitter l’UGM Aésio Fonctions Publiques ?
Nous aimerions que la MGAS rejoigne MGEN Partenaires, comme l’a fait la MGP, mais c’est à eux de prendre la décision.
Etes-vous satisfait de l’alliance avec MGP ?
Avec la MGP, nous avons une relation aussi constructive qu’efficace. Nous partageons la même vision sur l’avenir du marché. Nous sommes tous conscients que les mutuelles peuvent avoir un bel avenir en s’unissant, en partageant des ambitions et des fonctions. Eux et nous savons qu’un partenariat s’obtient en affirmant, en acceptant et en renonçant. Nous allons répondre ensemble au ministère de l’Intérieur, voire plus… Pour chaque ministère qui est dans nos ambitions, MGEN cherche la bonne combinatoire, en fonction de la légitimité de chacun et de sa connaissance du public. C’est une question d’efficacité et aussi de solidarité.
Êtes-vous en discussion avec d’autres mutuelles ?
J’estime que nous avons désormais un ensemble convaincant de partenaires actifs ou en projet, pour couvrir la réforme de la PSC dans la fonction publique de l’État et dans la fonction publique hospitalière. Nous avions lancé une stratégie très ouverte. Force est de constater que la plupart de mutuelles que nous avons contactées ont souhaité travailler avec nous. Maintenant, il reste à finaliser. Les schémas possibles diffèrent en fonction des profils des mutuelles et de leurs souhaits.
Comment progressent vos discussions avec la MNH ?
Sur la fonction publique hospitalière, nous travaillons depuis des années avec Relyens. Notre ambition est d’élargir ce partenariat à la MNH. L’arrivée de MNH dans l’équation fait forcément bouger notre partenariat. Les discussions avancent. Un partenariat c’est une recherche d’alliance, avec une recherche de réciprocité et d’équilibres.
Que pensez-vous de l’accord interministériel du 20 octobre sur la prévoyance des agents de l’État ?
Il faut saluer la décision de l’État d’améliorer les garanties statutaires des agents. Pour nous, assureurs complémentaires, cela se traduit par une réduction de la masse assurable mais il reste un espace significatif. Parmi les différentes options, les partenaires sociaux ont choisi le contrat collectif à adhésion facultative. Cela nous va, comme tout autre schéma. L’important c’est qu’on travaille à équiper tous les fonctionnaires en prévoyance. On ignore encore certaines intentions des ministères. On s’attendait par exemple à ce que les appels d’offres santé et prévoyance sortent en même temps et cela ne sera pas forcément le cas. Nous nous adapterons.
MGEN est le seul organisme référencé au ministère de l’Écologie. Avez-vous préparé votre réponse à l’appel d’offres en cours ?
Nous sommes l’assureur historique de ce ministère et nous allons répondre à l’appel d’offres. Nous couvrons deux tiers des 60.000 agents du ministère en assurance individuelle. Nous sommes très motivés pour remporter cet appel d’offres. Les demandes du ministère sont nombreuses et précises. Nous travaillons pour apporter la réponse la plus complète et détaillée possible. Dans l’avenir, nous tenterons de répondre à plusieurs appels d’offres en même temps.
MGEN va-telle répondre seule ou en partenariat avec d’autres ?
Nous répondrons seul sur cet appel d’offre
Avez-vous constaté une dérive de la sinistralité en 2023 ?
Nous avons constaté un écart par rapport à nos prévisions. La surconsommation des prestations s’explique par une augmentation de la fréquence. Nous avons remboursé plus d’actes d’hospitalisation et plus de consultations médicales.
Allez-vous augmenter les cotisations ? De combien ?
Notre métier principal est la santé et la prévoyance. Dès lors qu’il y a une augmentation des prestations, cela se répercute sur les cotisations. Comme le reste des acteurs du marché de la protection sociale, nous allons appliquer des indexations supérieures à celles des années passées. Les décisions prises par les pouvoirs publics : transferts de charges, revalorisations de certaines professions médicales… viennent également se traduire sur nos cotisations.
Sur le plan commercial, êtes-vous satisfait de l’année 2023 ?
2023 est une année correcte, avec une belle dynamique en matière d’épargne, d’assurance vie, de prévoyance et de protection juridique. La diversification de notre activité progresse et cela fait partie de notre stratégie dans le cadre de la réforme de la PSC.
Un mot sur le Groupe Vyv. Quel bilan faites-vous de l’année 2023 ?
Nous sommes, par exemple, très satisfaits du projet de partenariat avec OFI Invest qui devrait produire ses effets au 1er janvier 2024. C’est un projet qui crée de la valeur économique et qui resserre les liens avec le monde mutualiste. Dans le cadre de notre accord, Aéma Groupe s’engage à gérer nos actifs dans la durée, dans des conditions tarifaires avantageuses et de vrais engagements en qualité de service.
Vous avez perdu un contrat important à l’Assemblée nationale contre Alan. Comment expliquez-vous cela ?
Nous regrettons d’avoir perdu ce contrat. Je suis surpris de voir les pouvoirs publics choisir un assureur qui n’a pas fait la preuve de sa viabilité économique.
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