Florent Villain : « Altima doit passer de l’artisanat à l’industrialisation »
[INTERVIEW] Florent Villain est directeur général d'Altima Assurances. Il revient sur l'activité de la filiale du groupe Maif en 2018 et sur son business modèle fondé sur l'expérimentation et le partenariat.
Quel bilan tirez-vous de l’année 2018 pour Altima Assurance ?
Nous sortons d’une année avec d’importants chantiers. En premier lieu, sur nos portefeuilles. Nous avons arrêté notre programme avec Active Assurances, noué en 2016, après quelques sinistres d’intensité significative en responsabilité civile survenus en 2017 et 2018. Altima n’est pas encore taillé pour amortir les conséquences de la sinistralité observée sur des risques en RC pour des profils sans antécédents de conduite. Cela supposait notamment de revoir notre politique de réassurance et n’était pas compatible avec notre système de sortie en rente sur ces sinistres. Nous gérons le run-off jusqu’à extinction du programme prévu pour le mois de septembre prochain, programme qui a été placé chez d’autres assureurs.
Nous avons noué d’autres partenariats durant l’exercice 2018, avec Valoo, Nissan, Tipi ou encore TravelCar. Fin 2018, nous comptions une dizaine de partenaires.
Parmi les chantiers internes figure celui des ressources humaines. Nous avons renforcé nos fonctions supports (fonctions clés, pilotage, IT et marketing), renforcé nos plateaux de gestion et créé une équipe dédiée à la gestion de flottes. Nos effectifs ont presque doublé depuis la filialisation par le groupe Maif fin 2014 (75 personnes à date). Enfin, nous avons investi dans notre système d’information.
De par notre positionnement nous devions améliorer les performances de notre SI pour gérer des nombres plus importants de polices d’assurance, gagner en réactivité et faciliter le branchement aux partenaires. Nos offres sont d’ailleurs en voie d’être rationalisées vers des produits uniques pour chacun des segments.
Nous l’avons fait pour l’auto, nous sommes en finalisation pour la MRH et allons déployer une assurance accidents de la vie. L’objectif est finalement de passer d’un modèle artisanal à un modèle industriel.
Quels sont les nouveaux partenariats à venir pour Altima Assurances ?
Nous venons de lancer la collaboration avec Otherwise (assurance auto collaborative) et prévoyons le lancement d’un partenariat avec Lovys en automobile à la rentrée. Nous sommes également en phase de test sur la distribution d’un produit d’assurance habitation par l’intermédiaire de l’Opac 38, un bailleur social dans l’Isère. L’offre est proposée aux locataires. Ils peuvent la souscrire en ligne en quelques clics. Nous devrions également lancer un autre partenariat à la rentrée et restons actifs sur le marché des flottes.
Enfin, en 2020, nous allons à nouveau déployer de nouvelles expérimentations avec le groupe Maif, comme nous avions pu le faire avec 4+2, l’assurance collaborative ou l’assurance à la minute.
Comment vous positionnez-vous par rapport au groupe Maif ?
Altima a trois missions principales. De par ma fonction de directeur marketing du groupe Maif et de directeur général d’Altima, j’utilise Altima comme un support à l’innovation pour le groupe. Nous testons des offres auprès de prospects, car la taille et l’organisation de la filiale nous permettent de réajuster nos garanties et nos prix plus facilement que dans un grand groupe comme Maif. Nos contrats sont à échéances mensuelles quand ceux du groupe sont annuels. Cela nous permet d’être plus réactif.
Par ailleurs, dans le cadre des ambitions de la Maif sur les collectivités locales, les associations mais aussi désormais sur le segment TPE/PME, nous intervenons sur la gestion des grandes flottes auto, en marque blanche. Enfin, persuadés que le marché va s’intermédier davantage, nous accélérons l’APIsation de nos offres pour être en mesure de répondre aux sollicitations sur des partenariats de distribution pour notre compte. Chaque offre sera ainsi « APIsée » et un portail développeur a été mis en place.
Sur quels risques êtes-vous sollicités ?
En ce moment, au-delà des habituelles sollicitations en assurance auto et MRH, nous recevons beaucoup de demandes sur les nouvelles mobilités. Les loueurs de trottinettes et de vélos électriques ou encore d’auto-partage nous sollicitent.
Mais pour l’instant nous sommes encore frileux. Il existe trop peu d’historique sur ce marché et le contexte de la réglementation n’est pas encore figé. Nous sommes dans l’attente de la loi sur la mobilité mais réfléchissons, à l’échelle du groupe, aux solutions que nous pourrions proposer, tant en BtoC qu’en BtoBtoC.
Altima est-il un assureur affinitaire ?
Tout dépend de la définition que l’on entend par « assureur affinitaire ». S’il s’agit de l’assurance de poche, très segmentée pour le blanc, brun, gris, alors ce n’est pas le cas. En revanche si l’on raisonne en termes de réseaux de distribution, alors oui, nous avons une activité que l’on pourrait qualifier d’affinitaire dans la mesure où notre distribution s’appuie sur des intermédiaires.
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