Fonction publique : Alan en route pour la PSC des fonctionnaires
Alan annonce dans son rapport SFCR son arrivée sur le marché de la protection sociale complémentaire des fonctionnaires.
Le rapport sur la solvabilité et la situation financière (SFCR) d’Alan détaille les principaux indicateurs financiers que la start-up avait déjà dévoilé début 2022. Au détour d'une phrase, Alan annonce avoir « approfondi sa connaissance du secteur public afin de concevoir des produits d’assurance santé répondant aux exigences spécifiques des fonctionnaires ». L’insurtech se prépare-t-elle donc à faire son entrée dans le marché très concurrentiel de la réforme de la protection sociale complémentaire des fonctionnaires ?
Interrogé par News Assurances Pro sur ses ambitions, Fabrice Staad, general manager France d’Alan, confirme la volonté de partir à la conquête de la PSC des fonctionnaires sur les trois versants de la fonction publique. « Nous sommes un acteur pertinent pour accompagner les administrations publiques sur la transformation de la protection sociale complémentaire de leurs agents, grâce notamment à notre solution digitale qui simplifie la gestion du côté des administrations publiques et grâce à nos services de prévention qui peuvent améliorer la santé des agents », déclare Fabrice Staad. Alan sera donc un nouvel entrant sur le marché de la PSC, « à commencer par les premiers appels d’offres ministériels de 2024 », indique le general manager France.
2 établissements publics couverts
Alan a remporté ses premiers appels d’offres en 2022. « Nous menons actuellement des travaux intenses pour comprendre l’offre et éclairer les décideurs publics. Nous couvrons actuellement deux établissements publics, l’Institut Français de la Consommation et l’Opéra de Strasbourg », précise Fabrice Staad. Alan a également commencé à rencontrer des décideurs publics afin de les sensibiliser sur la transition de l’assurance individuelle à l’assurance collective « pour faire en sorte que la bascule se fasse dans les meilleures conditions ».
Seul ou en partenariat
Alan décidera au cas par cas s’il répond aux futurs appels d’offres tout seul ou en partenariat avec d’autres acteurs de ce marché qui ont une meilleure connaissance du profil de risque des fonctionnaires. La stratégie sera différente en fonction de la taille du portefeuille à couvrir.
L’assurtech est « en discussions avancées avec plusieurs acteurs de la place à la fois sur le portage financier et opérationnel afin d’essayer de trouver les meilleures alliances », indique Fabrice Staad. Dans le cadre de la future bataille de la PSC, le jeune assureur a moins de poids politique que les acteurs historiques de ce marché comme les mutuelles de la fonction publique. En revanche, Alan se vante d’avoir un système de gestion de sinistres ultra-rapide, avec 82% des soins remboursés en moins d’une heure et 94% en moins d’une journée. « 95% des actes sont remboursés sans intervention humaine », précise le rapport SFCR. Son offre de services est l’autre as dans la manche d’Alan. L’assurtech a fermé Alan Baby début 2022, une plateforme d’accompagnement à destination des parents. Ses autres services, Alan Mind sur la santé mentale, Alan Clinic sur la prévention, ou encore Alan Lunettes permettant de mieux maîtriser les dépenses optiques, sont désormais intégrés dans l’offre assurantielle.
Forte croissance en 2022
Par ailleurs, le document SFCR confirme la forte croissance d’Alan en 2022. Son volume de cotisations, 146,6M d’euros de cotisations fin 2022, est en augmentation de 80% par rapport à 2021. L’insurtech revendique 375.000 assurés et plus de 20.000 entreprises couvertes fin 2022. Pour 2023, l’assureur anticipe d’ores et déjà une facturation de 258M d’euros de primes.
Amélioration du résultat technique
Alan Insurance, l’entité qui concentre les activités assurantielles, enregistre un résultat technique brut de -15,2M d’euros, en nette amélioration par rapport à 2021 (-51,8M d’euros). En revanche, le néo-assureur n’a pas encore atteint la rentabilité. Le déficit net se creuse en 2022. Il passe de -60,5M d’euros à -72,4M d’euros, soit une augmentation de 20%. L’évolution de l’activité est donc nettement plus forte que l’augmentation du déficit.
Alan assume pleinement ce résultat négatif pour la troisième année consécutive et espère atteindre la rentabilité en 2025 et confirme qu'elle n'aura plus besoin de lever des fonds dans les prochaines années. Présent en France, Espagne et Belgique, l'entreprise emploie 520 personnes. « Notre croissance rapide (+80%) suppose des investissements importants afin de recruter une équipe proportionnée aux objectifs d’Alan. Ces investissements conduisent à un décalage entre les coûts pour Alan (immédiats) et les futurs revenus, et donc à des pertes financières les premières années », justifie le rapport.
Le ratio de couverture du SCR reste supérieur à la moyenne du marché, de l’ordre de 740%, en amélioration de 200 points par rapport l’exercice précédent. Alan dispose de 243M d’euros de fonds propres, en hausse de 65% par rapport à 2021.
Enfin, le document nous apprend qu’Alan a lancé en 2022 une offre sur-mesure pour les grandes entreprises et que l’entreprise utilise l’intelligence artificielle pour la gestion de sinistres et la détection de la fraude. Au cours de l’année, Alan a également internalisé la gestion des contrats prévoyance. Parmi les nouvelles offres, Alan propose désormais des contrats de sortie, baptisés « Alan Silver » à destination des salariés partant à la retraite.
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