Franck Le Vallois : "Tous concernés par la montée des risques"
TRIBUNE - Face à la montée des risques inflationnistes et climatiques, Franck Le Vallois, directeur général de France Assureurs, revient sur le rôle particulier des assureurs. Cette tribune est publiée dans notre magazine sur le Bilan 2022 de l’assurance.
Le 24 février dernier, nous avons tous compris que l’année 2022 ne serait pas comme les autres. Le retour de la guerre sur le continent européen a en effet mis en lumière la concomitance et l’interdépendance de plusieurs risques très différents, jusqu’ici largement sous-estimés : les risques inflationnistes et climatiques ainsi que leurs conséquences à la fois économiques, politiques, et sociales. La montée en puissance synchrone de ces risques fait naître de nouveaux défis pour nos sociétés.
L’année 2021 devait pourtant être celle du retour à la normale : l’économie française était en voie de rémission après la crise sanitaire et l’inflation plafonnait à +1,6% sur l’ensemble de l’année. Mais l’envolée du prix du l’énergie de +24% en 2022 par rapport à 2021 a affecté les particuliers comme les entreprises qui voient leurs coûts de production, liés au renchérissement des consommations intermédiaires et à l’inflation salariale, s’envoler de +13%.
Par conséquent, l’inflation a atteint +5,3% en 2022 et fait reculer le pouvoir d’achat des Français de 0,3%, une première depuis 2013. Les capacités de production des entreprises s’en trouvent pénalisées tandis que les déficits jumeaux, budgétaire et commercial, s’accroissent.
L'impact de l'inflation sur le secteur
Le secteur de l’assurance n’échappe pas à la tendance générale. En effet, les coûts de réparation explosent du fait de cette inflation. Les assureurs font donc face à une hausse du coût des sinistres de près de 10 % en assurance automobile et la situation n’est pas meilleure en assurance habitation. En plein cœur de l’été, le Gouvernement a réagi en adoptant un bouclier tarifaire pour le gaz et l’électricité, destiné à protéger le pouvoir d’achat des Français.
Durant ce même été, les orages de grêle et les nombreux incendies qui ont frappé le territoire national ont rappelé aux Français l’urgence de la crise climatique. De ce point de vue, l’année 2022 a été exceptionnelle : plus de 1,4 million de sinistres climatiques déclarés à la fin de l’été pour un coût estimé à 5,2 milliards d’euros à fin août. Ce coût, cumulé avec celui d’un épisode de sècheresse extrême (estimé entre 2,0 et 2,8 milliards d’euros à fin novembre) fait déjà de 2022 l’année la plus coûteuse en matière d’aléas naturels pour les assureurs depuis 1999 et les tempêtes Lothar et Martin.
Des défis climatiques majeurs
Nous constatons une hausse à la fois de l’intensité et de la fréquence des sinistres climatiques, qui affectent désormais l’ensemble du territoire national.
La concomitance de ces sinistres de grande ampleur en 2022 aura confirmé ce que l’on savait pourtant déjà : le défi de la transition écologique est immense.
Face à la montée des risques, les assureurs jouent évidemment un rôle tout particulier car en tant que « preneurs de risque », leur expérience en la matière est indéniable.
Les défis que nous devons relever sont de plusieurs ordres : le défi de la prévention, pour adapter les usages et préserver les habitations, le défi de la réparation des sinistres dans une économie marquée par l’inflation, le défi du financement pour trouver des solutions innovantes afin d’accompagner la transition écologique de la société.
Diffuser la culture du risque
Face au dérèglement climatique, les assureurs ont également un rôle clé à jouer dans la diffusion d’une culture du risque. Connaître son environnement, apprendre les bons gestes et se tenir prêt à réagir si un risque se réalise : autant de domaines dont les assureurs sont des experts incontestés.
Le secteur de l’assurance est solide. Il l’a démontré en traversant nombre de crises. Les Français peuvent compter sur la profession pour être à leurs côtés et les aider à se protéger face à une accumulation de crises structurelles.
L'assurance ne peut pas tout
Les assureurs détiennent donc une partie des solutions pour répondre aux problématiques de notre temps. Il serait pourtant illusoire de penser que l’assurance peut tout, toute seule. Les crises que nous traversons, par leur ampleur et leur développement, appellent des réponses multiples et coordonnées de tous les acteurs : les assureurs, les réassureurs, les intermédiaires d’assurance, les entreprises, les citoyens et les pouvoirs publics.
C’est ensemble et solidaires que nous pourrons travailler efficacement en 2023 à relever les défis que font naître l’interdépendance et la synchronicité de ces risques et permettre ainsi à chacun de continuer à être bien assuré et à la société d’avancer en confiance.
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