À l’heure où partenariats et investissements auprès de start-up ou de géants extérieurs au secteur se multiplient chez les assureurs, l’intérêt de couvrir ces plateformes se pose, entre ROE et risques d’image.
Face au bouleversement de la mobilité ces dernières années, nombreuses sont les compagnies d’assurance à s’être rapprochées des principaux acteurs du marché : grandes plateformes de covoiturage comme sociétés de VTC. Sous des formes diverses, chacune (Allianz France pour Drivy, CityScoot, Uber ou Chauffeur Privé, Maif pour Koolicar, Macif pour GoMore, Axa pour BlablaCar ou même Deliveroo, etc) a également développé des couvertures adaptées aux activités de leurs partenaires.
Mais les compagnies d’assurances se sont dernièrement ouvertes à d’autres marchés, parfois très éloignés de leur ADN, délaissant au passage les solutions de protection qui allaient avec. « Si nous sommes aujourd’hui en capacité d’assurer les start-up pour leurs activités, leurs dirigeants ou leurs locaux, nous le faisons comme pour toute PME », explique Guillaume Borie, directeur de l’innovation du groupe Axa.
Objectif ROE
Ainsi, au-delà de leur métier de porteurs de risques traditionnels, les assureurs sont désormais à la recherche de placements attractifs avec une logique d’abord financière, les garanties d’assurance venant ensuite. « Sur le choix des entreprises dans lesquelles nous investissons via Axa Venture Partners, l’ADN connexe à l’assurance n’est pas obligatoire. Le filtre est d’abord financier, avec un objectif de ROE clair. Il est toutefois possible d’intégrer certaines solutions dans nos offres. C’est le cas avec la société SecurityScorecard dans laquelle nous avons pris une participation avant d’intégrer par la suite son dispositif dans nos offres cyber en Suisse et en Allemagne », poursuit Guillaume Borie.
« En tant qu’investisseur, nous pouvons et allons sûrement nous tromper dans certains de nos choix, mais nous veillons au bon équilibre des risques et des objectifs entre diversification stratégique et performance du fonds », indique de son côté Nicolas Boudinet, directeur général adjoint de la Maif, en charge de la direction de la stratégie, de la marque et des offres.
Ainsi, bon nombre de start-up, vouées à l’échec ou licornes en devenir, ont été approchées par des assureurs ces derniers mois, sans même que ces derniers soient en capacité de leurs proposer de les couvrir. « Depuis deux ans, nous avons l’un des principaux groupes d’assurance français à notre capital, mais il a fallu que je me tourne vers une mutuelle pour pouvoir assurer mes locaux et mon business. C’est incompréhensible ! », peste un startupper sous couvert d’anonymat.
Gare à l’image
Si avoir le soutien d’une compagnie relève désormais davantage de la plue-value financière que de la couverture d’assurance, pouvoir le revendiquer n’est pas chose facile, les start-up n’étant pas toujours autorisées à parler des assureurs à leur actionnariat. Suivi par Swiss Re depuis ses débuts en 2013, le courtier Digital Insure a par exemple dû attendre quelques années avant que le réassureur ne sorte du bois. « Concernant les start-up ‘powered’ par Axa, nous n’autorisons pas toutes les marques à communiquer sur nos partenariats. Cela ne concerne que quelques cas précis comme BlaBlaCar par exemple, la notoriété de la marque pouvant ici bénéficier à celle d’Axa », lance Guillaume Borie. Loin de leur métier premier, les compagnies d’assurance opèrent désormais quasi à couvert autour de ces nouveaux acteurs, comme si elles ne souhaitaient plus vraiment qu’on les identifie comme telles, comme si elles n’assumaient plus d’être encore des porteurs de risques, comme si ce métier là ne rapportait plus... Faut-il y voir les prémices de l’évolution du métier ?
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