Les scandales Enron ou Madoff ont eu un mérite, celui de sensibiliser les entreprises à l’importance de se préoccuper du phénomène de fraude.
Le phénomène de la fraude au président, inventé en France, faut-il le rappeler, a achevé d’éveiller les consciences à la nécessité de lutter. Une entreprise établie comme Michelin s’est ainsi fait dérober 1,6 million d’euros. Selon un inventaire mené par le FBI, la fraude au président aurait coûté 2,3 milliards de dollars aux entreprises entre octobre 2013 et février 2016.
La sinistralité a décollé et les entreprises commencent à réaliser l’ampleur du risque. Elles cherchent à se couvrir davantage. Mais quelques compagnies en tirent déjà les conséquences. « Certains assureurs, suite au développement de la fraude au président, ont décidé de ne plus la couvrir. Ces assureurs ont perdu leurs contrats. Je pense que d’ici un an ou deux, ces assureurs n’auront plus de contrats fraude en portefeuille », avertissait récemment Anne-Marie Fournier, vice-présidente de l’AMRAE. En effet, selon « L’état du marché » établi par l’association en octobre dernier, la concurrence est encore forte et les assureurs qui se retirent sont vite remplacés, quitte à relever les franchises ou majorer les primes.
Un aveu de faiblesse
C’est du côté de la demande que se situent toujours des freins. Quelle qu’elle soit, la fraude n’est pas pour l’entreprise un sujet facile à aborder avec son courtier ou son assureur. évoquer la possibilité d’être victime d’une fraude, souligne un courtier, c’est quelque chose de honteux, c’est un aveu de faiblesse.
D’autant plus que c’est souvent l’histoire du loup dans la bergerie, puisque très fréquemment, la fraude a une origine interne ou au moins des complicités internes. Les entreprises peuvent ainsi craindre d’être mal couvertes, car le sujet est délicat à cerner. Ainsi, fraude et cyber sont liés : car la cybercriminalité est une forme de fraude externe. Mais la cybercriminalité occupe désormais le devant de la scène.
« Chez Liberty, nous considérons que le risque cyber est indissociable de la fraude. C’est le risque majeur et ne pas couvrir une fraude qui ne serait pas informatique entraînerait une incompréhension de la part du client », explique Olivier Muraire, qui souligne aussi que la prévention est essentielle. L’assureur a d’ailleurs commencé par lui-même. « Nous avons indiqué à nos partenaires courtiers que nous irions en personne les informer si nous procédions à des changements de comptes bancaires », précise Olivier Muraire.
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