Grands risques : Vers des renouvellements 2023 compliqués (Amrae)
L’Amrae s’attend à des renouvellements 2023 compliqués sur le marché des grands risques industriels, et ce sur l’ensemble des branches d’assurance. L'Association pour le management des risques et des assurances de l'entreprise espère des hausses de tarifs moyennes contenues, en deçà de 10%.
Dans son dernier état du marché et perspectives 2023, l’Amrae ne cache pas son inquiétude après plusieurs exercices de hard market. « Le marché reste haussier, mais nous observons également des hausses de franchises, de nouvelles exclusions et des capacités qui diminuent. De fait, les renouvellements 2023 s’annoncent compliqués, et ce sur toutes les branches » (voir tableau ci-dessous), lance d’emblée Alain Ronot, directeur des assurances du groupe Capgemini et vice-président de l’Amrae.
[caption id="attachment_1524079" align="alignnone" width="669"] Tendances du marché de l'assurance des grands risques 2023 (Amrae)[/caption]Pour expliquer cette conjoncture, l’association pour le management des risques et des assurances de l'entreprise pointe notamment le durcissement de la situation géopolitique, l’inflation ou encore la forte sinistralité climatique de ces derniers mois. « Dans ce contexte le marché de la réassurance va lui aussi durcir ses conditions et les négociations des traités avec les assureurs vont être plus complexes. Ce sont les réassureurs qui vont donner le LA sur les conditions de renouvellement », poursuit Alain Ronot.
Gare aux majorations
Si plusieurs branches comme la RC ou le dommages aux biens risquent d’être impactés plus lourdement par la situation, « nous espérons pour 2023 des hausses de tarifs moyennes contenues, entre 8 et 10% », indique ensuite Alain Ronot. Pour autant, certains comptes pourraient voir leurs tarifs s’envoler avec des majorations allant jusqu’à 30 voire 50%. « Les entreprises sinistrées ou positionnées sur des activités à risques pourraient même être contraintes de ne plus s’assurer sur certaines lignes plus exposées comme le cyber par exemple », prévient pour sa part François Beaume, directeur des risques et des assurances de Sonepar et également vice-président de l'Amrae.
C’est notamment le cas des industries de la transformation du bois, des ordures ménagères ou encore de l’agroalimentaire. « Ce qui fait peur, c’est que des entreprises peu ou pas équipées en matière de prévention n’aient désormais plus accès aux offres du marché de l’assurance », ajoute-t-il.
Croire (encore) en la captive
Au-delà du renforcement des politiques de prévention, l’Amrae a également insisté sur le bien-fondé des captives de (ré)assurance à la française, projet pourtant écarté du PLF 2023 il y a quelques jours par Bruno Le Maire.
« L’état actuel du marché nécessite que les entreprises, qu’elles que soient leurs tailles, puissent créer leurs captives pour partager une partie de leurs risques avec les assureurs. Une nouvelle législation sur les captives faciliterait ainsi cette démarche et montrerait au marché de l’assurance que les entreprises sont prêtes à accepter de retenir une partie de leurs risques », indique Alain Ronot.
« L’Amrae continue donc de promouvoir la création des captives. Pour les plus petites entreprises, nous réfléchissons à un système de provisions spécifiques encadrés et dédiés aux risques exceptionnels. C’est un mécanisme vertueux qui incite les entreprises à réinvestir dans le financement de leur résilience et faire face à un trou d’air », poursuit François Beaume.
Selon l’association, si de nombreux projets de captives ont été lancés ces derniers mois en France dans l’attente d’un ajustement de la législation française, au moins 25 projets tricolores sont aujourd’hui dans les tuyaux « dont deux sur des entreprises de petite taille. De même, un certain nombre de projets additionnels pourraient voir le jour si le système français était plus attractif », lance ensuite François Beaume.
L’Amrae qui indique qu’elle poursuit plus que jamais ses travaux autour de la création d’une fédération française des captives, n’a pas non plus enterré le projet d’un futur régime des captives à la française.
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