Suite au coronavirus, Gras Savoye WTW estime qu’en 2020 le montant moyen de prestations santé par bénéficiaire sera en baisse, entre 5 et 10%, par rapport à 2019.

Après deux mois de chute libre, les dépenses de santé remontent tout doucement en mai. Gras Savoye WTW partage avec News Assurances Pro les données de sinistralité de ses deux millions d’assurés couverts par un contrat collectif. En santé, le remboursement moyen par bénéficiaire a baissé de 40% en mars 2020 par rapport à mars 2019. En avril, la baisse était de 75% tandis qu’en mai, elle a légèrement remonté (-60%).

La fréquence de consommation a également diminué suite au confinement. Ce paramètre mesure le nombre d’actes par bénéficiaire. Ainsi, les consultations chez les généralistes ont été 20% moins fréquentes en mars, 54% moins fréquentes en avril et 51% moins fréquentes en mai. La fréquence des consultations chez les spécialistes a baissé de 34% en mars, de 67% en avril et de 54% en mai. Les prothèses dentaires ont diminué de 53% en mars, de 98% en avril et de 69% en mai. En optique, Gras Savoye a remboursé 49% de montures en moins en mars, 94% en avril et 71% en mai.

L'impact des patients atteints du covid-19

L’impact du covid sur les remboursements en hospitalisation n’est pas encore visible, suite au délai administratif des hôpitaux. Selon les projections de Gras Savoye WTW, les frais de séjour d’un patient en réanimation s’élèvent à 2.000 euros par jour en moyenne, sur une durée de séjour comprise entre 15 et 20 jours. 80% des frais sont pris en charge par l’Assurance maladie et 20% par l’organisme complémentaire. Logiquement, il ne devrait pas y avoir des dépassements d’honoraires sur les patients atteints de covid-19.

Les frais sont beaucoup moins importants pour les patients atteints de covid-19 qui n’ont pas été hospitalisés : entre 20 et 40 euros pour l'organisme complémentaire pour 1 à 3 consultations, selon Gras Savoye WTW.

Quelle sera l'ampleur du report des soins ?

« Nous nous attendons à une hausse des prestations d’hospitalisation sur la deuxième moitié de l’année 2020, suite aux reports de certains actes d’hospitalisation non urgents ainsi qu’à un retard de facturation constaté depuis le mois de mars », explique Julien Rateau, directeur technique assurances de personnes de Gras Savoye WTW. Le directeur technique a pris également en compte des hypothèses de reports de consommation sur tous les prochains mois. « Le mois d’août, d’habitude assez calme avec près de 6% des prestations annuelles, pourrait être plus dynamique cette année, car certains praticiens pourraient reporter leur congés », explique Julien Rateau.

La portabilité coûtera cher

La crise économique, les faillites, le contrats à durée déterminée (CDD) non reconduits peuvent avoir un effet néfaste sur le résultat technique des régimes santé. Julien Rateau craint les effets de la portabilité des droits en santé et prévoyance sur le résultat technique 2020 et 2021. En effet, les salariés ayant quitté l’entreprise bénéficient d’une couverture santé et prévoyance pendant 12 mois, sans payer la cotisation. « Si demain les entreprises sont confrontées à des licenciements la portabilité des droits impliquera automatiquement une diminution des cotisations qui impactera donc le ratio sinistres sur primes », commente Julien Rateau.

Par ailleurs, la cotisation de certains régimes santé est calculée sur la base du salaire. L’activité partielle a donc un impact direct sur le niveau des cotisations encaissées.

Les impacts en prévoyance à venir

Sur la prévoyance, il est encore tôt pour tirer des conséquences. Le principal risque concerne la baisse des cotisations encaissées suite à l’activité partielle. Ainsi que la baisse des taux d’intérêt : « La tendance baissière des taux techniques (TME) continuera à impacter de façon non négligeable à la hausse le montant des provisions mathématiques à constituer en prévoyance », selon Julien Rateau.

Les régimes collectifs ont été peu impactés par les décès de covid-19, car ils couvrent essentiellement des actifs de moins de 65 ans. Sur les arrêts de travail, Gras Savoye WTW enregistre une hausse de 63% du nombre d’arrêts de travail en mars 2020 par rapport à mars 2019. Cependant, de nombreux arrêts ne feront pas l’objet d’indemnités journalières complémentaires car ils sont soumis à une franchise de 90 jours. Par ailleurs, la renonciation aux soins peut induire dans les prochains moins une hausse des arrêts suite à une aggravation de l’état de santé des actifs. En 2019, le montant versé par salarié sur le risque arrêt de travail avait augmenté de 5%, après une hausse de 2% en 2018.

La crise aura des impacts en 2021

« En conservant notre volonté de pilotage dans la durée, nous demanderons aux assureurs de nous aider à accompagner les entreprises en difficulté. 2020 est une année atypique avec probablement une baisse de la consommation sur les frais de santé alors que les régimes de prévoyance pourraient connaitre une augmentation de la charge de sinistres. 2021, en revanche, pourrait être une année de dérive en frais de santé suite notamment aux reports des prestations et à la portabilité. Nous pourrons éventuellement raisonner sur les deux risques, santé et prévoyance, dans leur globalité si un même organisme couvre l'ensemble de ces dispositifs », conclut Julien Rateau.