Harvey et Irma : un tournant pour la tarification de la réassurance ?
CHRONIQUE - Les réassureurs retiennent leur souffle dans l’attente des effets consécutifs aux ouragans Harvey et Irma sur la tarification du secteur. L’excédent de capacités dont souffre le marché et, en conséquence, la tarification assouplie depuis plusieurs années sont source de pressions sur les profits des réassureurs.
Les tarifs augmenteront vraisemblablement dans les régions et les lignes d’activité touchées, les réassureurs souhaitant graduellement récupérer les pertes générées par les passages successifs de Harvey et Irma. L’évolution des tarifs sera aussi influencée par la hausse probable des coûts de rétrocession et le montant de capacités de réassurance disponibles suite à ces évènements.
Néanmoins, ces ouragans ne conduiront pas selon nous à une hausse significative des tarifs de l’assurance traditionnelle au niveau national. Au niveau mondial, l’impact sur la tarification est incertain et sera, entre autre, influencé par la sévérité des pertes encourues et par les effets induits sur le niveau de capital disponible apporté par des tiers. Les investisseurs en capital alternatif (Insurance-Linked securities) pourraient considérer que l’assurance dommage comporte un risque de pointe significatif pouvant provoquer des pertes de capital. Une contraction significative de l’afflux de ce type de capital, si elle se produisait, pourrait durcir la tarification au niveau mondial. Cela serait toutefois partiellement compensé par de nouvelles capacités de réassurance déployées par le secteur suite à ces évènements.
Les assureurs traditionnels exposés à l’évènement, quant à eux, devraient contenir leurs pertes potentielles grâce à la réassurance. Ces assureurs s’appuient par ailleurs sur le Florida Hurricane Catastrophe Fund (FHCF). Après l’ouragan Andrew en 1992, ils ont entrepris des stratégies de de-risking, et les ont renforcées après la survenance de Katrina, Rita et Wilma en 2005. Les plus gros assureurs ont considérablement réduit leur couverture de l’immobilier résidentiel en Floride : les dix premiers ne représentent aujourd’hui plus que le cinquième du marché de l’assurance habitation, contre plus de la moitié au début des années 1990. Dans l’ensemble, les assureurs ont augmenté leur taux de cession au cours des cinq dernières années, certains achetant des tranches plus élevées pour une plus grande protection aux sinistres de pointe.
Charlotte Chausserie-Laprée Analyste crédit S&P Global Ratings
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